Journal de Fenrisulf ▬ Juillet 1563
La guerre contre les Wyrms a éclaté. Les conflits se font de plus en plus récurrents. Et surtout, de plus en plus violent. Aujourd’hui encore, un de mes frères d’armes est tombé. J’ai entendu parler d’un carnage ayant laissé un unique survivant : Ivan Silitch. J’ai entendu qu’une autre unité avait été comme décimé et qu’on ignorait ce qu’elle était advenue : Alecto Cimorelli. Bon, d’accord, eux se sont des Dragonniers…mais les escadrons d’élites restent des membres de l’armée. Et rien que dans mon bataillon, nous avons eu dix morts aujourd’hui contre des partisans Wyrms.
C’est probablement car il y a des morts constants, que je me suis sentit l’envie de rédiger ce journal. Je n’ai rien de spécial à transmettre mais si ce que je pense réellement pouvait servir, si mon passé et comment j’ai tout vécu pouvait revenir à ma famille, à Aoun, j’en serais heureux.
Je n’aurais rien à offrir à la personne qui ramènera ce journal, ce témoignage…si ce n’est mon éternelle gratitude.
Bon, j’imagine que je devrais commencer par le début, hein ?
Mon nom est Fenrisulf Heirleif. Oui, j’imagine que vous pensez que je suis un soldat de l’armée territoriale du Nordheim. Il n’en est rien. Ce nom m’a été donné par mon père biologique. Et je suis bien né au Nordheim. Mais je suis métis. Ma mère, elle était une native du village d’Aoun, en Lostrego.
Ma mère se nomme Esmeralda. Elle a, durant un temps, porté le nom de Heirleif lorsqu’elle se maria à mon père. Mais elle est née sous le nom de Vinuesa. Mon père, lui, se nommait Runi Heirleif. C’était un marchand du Nordheim…et c’est comme ça, je crois, que mes parents se rencontrèrent et finir ensemble.
Néanmoins, une maladie emporta mon père l’année de mes 3 ans. Ma mère était consumée par le chagrin, et préféra rejoindre son village natale : Aoun. Ainsi, j’avais 4 ans quant elle eut finit de tout organisé et que nous arrivâmes à Aoun. Moi, blond comme les blés, j’avais uniquement les yeux améthyste en commun avec ma mère très typée.
Pourtant, je réussis à m’intégrer parmi les enfants de mon âge. Et je rejoins l’école martiale d’Aoun, comme tout le monde. J’aimais cette ambiance. Cette vie bien différente pour moi que le Nordheim froid et triste.
Je voyais ma mère sourire à nouveau…n’y a-t-il pas autre bonheur pour un enfant ? Aujourd’hui encore je me dis que la décision de ma mère nous sauva tout les deux du chagrin. Et nous offrit la chance d’avancer. Loin du fantôme, du souvenir, de Runi : de mon père que j’aime quand même toujours. Que je remercie d’avoir aimé ma mère, et de m’avoir donné vie.
Ma « pause » est terminée…Si tant est que l’on peut nommer cela ainsi. Mon unité a besoin de moi…Espérons que je survive aux prochaines batailles, pour terminer mon récit.
Journal de Fenrisulf ▬ Février 1564
Je n’ai même pas eut le temps de revenir plus tôt sur mon journal…
Il faut dire que les raids deviennent de plus en plus récurrents et long. J’ai d’ailleurs été promu Chef d’Unité. Mon analyse tactique et ma capacité à mettre en place des actions groupées nous ayant offert quelques victoires que la hiérarchie a jugées importante à récompenser. Tsss…si mon ancien chef n’était pas mort il y a deux batailles, ils n’auraient pas sut que les tactiques venaient de moi. Ils auraient crut qu’elles étaient de lui.
Mais je te regretterais, mon cher ami : Matéo Andorran. Je promets que si je m’en sors vivant, j’irais à ton village, à deux jours de marche depuis la sortie Nord de Prima, pour donner tes effets à ton épouse et ton fils. Sinon, ils seront avec les miens et toi, comme moi, nous devrons compter sur la bonne volonté de celui qui lira ces lignes.
Je reprends donc où j’en étais.
Je suis entré dans l’école d’Aoun. La voie que j’ai suivit ? Et bien, vu le talent de ma mère dans la voie de l’aigle on pensait que, peut-être, j’en serais à l’aise. Mais j’étais quand même grand pour mon âge, et robuste. Mon sang du Nord…
J’eu essayé la voie du taureau durant un ou deux mois : cela ne me convenait pas. Et c’est l’un des maîtres qui eut un léger sourire et vint vers moi. Nous n’avions que parler, mais il avait lu à travers moi. Depuis toujours, je comprends ce qui m’entoure très rapidement. Et j’ai un naturel observateur. Lorsqu’il s’en rendit compte, il me fit plutôt me faire m’entraîner non pas à une, mais à deux voies.
J’ai suivit l’enseignement des voies du Serpent et du Loup. Observateur, je trouvais les points faibles adverses et user du minimum de force et de mouvement pour me jouer de ces points faibles et mettre à terre en un minimum de coup porté. L’art de la duperie du serpent.
Mais, surtout, je savais caler mon rythme sur celui de ceux m’entourant. Trouvant l’art du Loup, du travail d’équipe, comme la plus belle des cohérences. La meilleure des immersions. Le sentiment d’harmonie.
J’ai été élève des deux voies pendant plusieurs années. Mais, l’année de mes 7 ans, ma mère m’annonça avoir trouvé quelqu’un. Un homme natif du Wuweishu. Comment ils se sont connus ? Je n’en sais rien…c’est un Dragonnier des escadrons d’élites. Le soldat Jung comme l’appelait la petite vieille du village.
Leur idylle me fit, au départ, un peu peur. Ma maman cesserait-elle de m’aimer si elle finissait avec un autre homme ? Oublierait-elle mon père ? Son nouvel amant semblait accepter que le souvenir de mon père biologique soit respecté. Pour ça, il obtint toute ma gratitude. Et après une bonne année, l’arrivée d’une petite sœur dans le foyer me poussa à vraiment voir cet homme, Yu-Jin Jung, comme mon second père.
Loreleï vint rejoindre notre foyer. Je la vit grandir : curieux. Père s’absentais parfois souvent pour le travail dans l’armée. Moi, j’étais calme, mais libre. Dans mon monde. Ce monde que, par la suite, j’ouvris à Loreleï quant elle commença l’école martiale.
La voie du Loup, la pratiquer avec elle pour moi : c’est comme respirer. Nous nous comprenons parfaitement. Nous synchroniser ne demande pas même un regard. Juste sentir l’autre prés de nous suffit. Quand j’avais 16 ans, je me targuais souvent qu’en combat double avec Lili, jamais je ne pourrais perdre. Grand sourire et tout fier, comme un paon.
Je dois dire que j’
*tache d’encre et rature vive*Journal de Fenrisulf ▬ Mars 1564
Oh, j’avais donc coupé à ce moment là ? Une attaque surprise des Wyrms a eut lieu lors de notre campement. Des spécialistes de l’infiltration nous ont rendu visite ce soir là. C’était un véritable bordel. La majorité de nos hommes n’étaient pas prés au combat.
J’ai faillit y rester…j’ai pris une violente attaque au crâne, de la part d’un type ayant le don de brûler ce qu’il touche. J’ai été brûlé sur une bonne partie du front et la partie droite de mon crâne. J’enrage de ma faiblesse en cet instant ! D’après les soigneurs, mes cheveux repousseront et cacheront la trace de main sur mon crâne…mais la partie visible à l’avant de mon crâne, là où se trouvait ma protection métallique qui a fondu sur ma peau, elle : elle sera toujours visible. Je suis passé à un fil de la mort…
Mais nous avons éliminé un groupe entier de Wyrm, et fait prisonnier un Dragonnier Wyrm. Il semblerait qu’avec les nombreuses pertes de l’armée territoriale dernièrement, ils chercheraient encore à lancer des promotions. Misère…
Enfin : Loreleï, hein…Le trésor de mon beau-père et de ma mère. Et un peu le miens. Je cassais la figure de tout ceux qui lui faisait du mal ou qui l’a faisait pleurer ! Intraitable, voilà ce que j’étais pour ma Lili. Mais bon, je vais reprendre le fil de ma phrase non-achevée.
Je dois dire que j’…ah oui…que j’arrivais à l’âge où il serait bon de choisir son métier. Moi, j’étais passé disciple des deux voies à l’âge de 18 ans. Enseignant à Loreleï de temps en temps, d’ailleurs. Mais…Père voulait que je voyage à la recherche de mon Dragon. Ou encore, entre dans l’armée. A l’époque, je m’en fichais de tout ça. Je ne voulais pas quitter Aoun. Notre communauté. Notre vie entre nous.
Mais Loreleï fut choisit par un Dragon. Père était si fier ! Moi, indifférent. Le truc c’est que si père la voyait déjà, lorsqu’elle aurait seize ans, à Lindorm…Moi, je voyais bien que non elle ne le voulait pas. Et quand j’eus 24 ans, cela se confirma. Ma sœur tint tête à notre dragonnier de père et refusa d’aller à Lindorm. De passer l’épreuve d’alliance.
Bah, de toute façon, son dragon refusait de faire prendre se risque à notre Lili alors bon. La tension grimpa dans la famille. Un père déçu d’un fils sans Dragon n’appartenant pas à l’armée, et disciple et donc gardien d’Aoun. « Condamner » à vivre uniquement dans le village. Et une fille refusant le don à sa portée.
J’avais 25 ans, et nous étions en Septembre 1562, et cette ambiance m’ennuyait. Le Maître de la voie du Serpent voulait me prendre en apprenti afin que je lui succède. J’en étais honoré mais…je refusais, humblement. Lui expliquant mon choix.
Je lui annonçais ma décision de rejoindre l’armée de Lostrego. L’armée territoriale. Je voulais diminuer le trouble de mon beau-père de n’avoir aucun soldat dans sa famille. Et effacer la « honte » de ma sœur refusant le lien potentiel avec son dragon. J’ai quitté le village, gardant mon rang de Disciple, pour rejoindre Prima : la capitale. J’avais même une lettre de recommandation de l’école…
La suite ? Je fus engagé. Je fus « formé » autant qu’un Disciple d’Aoun aurait besoin de l’être. Et la guerre éclata…et j’en suis encore là, aujourd’hui. A noter dans ce carnet le vestige de cette guerre. Ignorant l’état de santé de ma mère. Ignorant comment se porte l’escadron d’élite de mon père. Ignorant si ma sœur surmonte cette ambiance insidieuse. Mais j’ai confiance en eux, et ces mots sont là pour le leur apprendre. En témoignage, si je n’en reviens pas.
Tiens…Qu’est-ce que le Capitaine vient faire dans notre tente des blessés ? …
Journal de Fenrisulf ▬ Mai 1565
Je n’ai plus de témoignage de mon passé à donner, mais bien du présent désormais. Que devrais-je dire ? La guerre nous entoure. Inlassable. Intraitable.
Ah, oui. Le Capitaine de ma section était venu quand j’avais été blessé, vous vous souvenez ? Il semblerait que je faisais partit d’une liste comme Lieutenant potentiel s’il arrivait quelque chose à l’un des notres. Le fait que j’ai fini par donner de bons résultats après moins de deux ans de leur institut militaire à Prima a peut-être joué. Mais je venais d’Aoun, je suis d’Aoun, et le travailler ainsi que le respect du corps me sont cher. Mes poings sont des armes. Mon corps est une arme. Mon esprit est mon atout. Mes sens sont mes alliés. L’entraînement ma confiance.
En tout cas, au jour d’aujourd’hui, je découvre le dur labeur d’un Lieutenant. Pour certain, mon âge est un problème mais je n’en ai cure. J’ai vu une lueur de fierté dans le regard de Yu-Jin.
Et je me suis dit que continuer ainsi pourrait aider la petite Lili a faire ce qu’elle veut faire dans le futur. J’aimerai que notre père ait moins d’attente à son égard, afin qu’elle ne soit pas étouffé par les désirs de d’autres. Enfin, elle peut compter sur les gens du village et sur mère pour trouver sa voie.
Avec toutes ces batailles, je n’ai même pas eu le temps d’envoyer la moindre missive. Est-elle toujours Elève, comme mère ? Ou Loreleï est-elle passée disciple ? Comment se porte sa relation avec son Dragon ?
En tout cas, je ne peux me déconcentrer. Et mon apprentissage à Aoun m’est vraiment utile ici. Analyser l’environnement. Elaborer une tactique viable pour contrer l’ennemi ou le prendre à revers. Coordonnées nos forces. Frapper vite et fort, avant de revenir en position de défense pour mieux piéger l’adversaire. On attaque, mais on défend par cette attaque. La science du Serpent et du Loup, combinée, et mise à l’épreuve sur un champ de bataille. J’en ai des frissons…me rendant compte de la porter du savoir que les Maîtres et le Haut-Maître gardent en eux.
Aujourd’hui, nous devons couvrir les arrières pour l’attaque que les escadrons d’élites vont faire conjointement sur une planque Wyrm d’envergure. J’ai donné mes directives, et serais avec eux dans un instant sur le champ de bataille. Par Karathion : je resterais vivant !
Journal de Fenrisulf ▬ Fin de la Guerre ▬ 1568.
La guerre est terminée. Mais je crains que lors de la dernière bataille avant les révélations et le traité, nous n’ayons perdu notre Capitaine. Il aurait affronté et perdu contre le précédent Chef des Wyrms : Philip Straton.
Cette guerre est, pour le moment, terminée. Mais les morts ont été nombreux. J’ai perdu des amis. J’ai perdu des frères et des sœurs d’armes. Mais ma famille et Aoun sont toujours là, et je garde le sourire. En attendant, la fin de la guerre alla de pair avec ma dernière promotion en date. Capitaine de l’Armée Territoriale. Je reçois mes ordres directement du général désormais. Et j’ai la vie de nombreux hommes et femmes entre les mains.
On vient de me fournir des jours de repos…à partir de Septembre tout du moins, le temps que j’aide à la réorganisation de nos troupes. Assigner untel et untel à la formation des recrues. Mettre en place un bon fonctionnement entre les escouades tout en prenant compte des particuliers de chacun, et de la cohésion entre les Lieutenants. Qui aurait penser ce travail aussi administratif ? Pas moi.
Mais j’ai le sentiment que nous sommes dans l’œil du cyclone. La tempête gronde dans le lointain, et pour cette raison, je n’abandonnerai pas mon pays. Car cela serait mettre Aoun en danger. Et puis, être ce que je suis ne m’empêche pas de rester avant tout un Disciple d’Aoun. Un protecteur. Même si au lieu de n’englober qu’un village, j’englobe finalement un pays dans mon désir de protectorat.
Et tiens, un confrère Capitaine arrive…
Non mais sérieux : on m’annule mes vacances ?! Bon, je crois que les prochains jours : ils vont le regretter…je voulais enfin souffler moi. Tsss. Où puis-je me dénicher un bon bar tiens ?
Je pense que je ne réécrirai pas sur ce journal à moins que des évènements d’importance ne me reviennent. Et je vais prier pour que cette paix dure assez longtemps pour soigner les stigmates de cette dernière guerre.