Ervin donnait des cours depuis peu et avait encore un peu de mal à s'adapter. Il était brusque et détaché. Il paressait froid et les moments courtois étaient de courte duré avec un peu de recherche ce n'était pas compliqué a voir qu'il ne voulait pas être là. Le cours d'avant il avait demandé que les élèves remplissent un questionnaire pourtant bien simple. Au début du cours, il avait demandé que le questionnaire rempli soit mis sur le coin de son bureau. C'est sans rien dire qu'il avait remarqué qu'une élève ne lui avait rien remis. Il n'avait pas jeté de coup d'œil à la pile de tout le cours, pas parce qu'il voulait les vérifié plus tard, mais bien parce qu'il en tenait une certaine satisfaction au fait qu'il savait bien ce qui se tramait dans la tête de cette élève. Surement qu'elle penserait qu'elle s'en est tiré, qu'il ne remarquerait rien ou que s'il s'en rend compte plus tard qu'elle puisse naïvement dire qu'elle l'avait pourtant mit dans la pile. Mikelis était un peu tordu et aimait donner de faux espoirs aux fautifs. Surement que Svenja Frizts allait être la première à s'en rendre compte.

Le sujet du cours portait sur l'importance de ne pas forcer son don, de le laisser passer comme l'air passe dans nos poumons. Qu'il fallait que ce don soit une partie de nous, pas seulement un truc que l'on peu utiliser quand bon nous semble. Il fallait que cette bénédiction du pacte influx dans nos êtres sans pour autant lui prêté une importance exacte. Comme cligner des yeux ou des plus évidents, respirer.

Pendant son blabla qui ne semblait jamais en finir. Il avait du contenu , mais tellement de longueurs et de la répétition dans ce qu'il monologuait. Il faut dire que l'on ne lui avait pas préparé tous ses cours encore, peut-être que de sous cet angle cela s'expliquait. C'était tout fois peut-être trop théorique pour des élèves de premières. Bien que les âges des étudiants étaient très distincts des uns et autre, l'idéologie du professeur était un peu trop pousser pour des débutants.

À la fin du cours alors que tout le monde pouvait partir. Le professeur s'accota sur son bureau.

- Mademoiselle Frizts, vous allez rester un moment.

Il attendit que tout le monde soit parti pour pouvoir dire le pourquoi il la gardait.

-Vous savez, quand je demande quelque chose, je m'attends à ce que vous faites ce pour quoi vous êtes ici. Suis-je claire mademoiselle ?

Son ton de voix n'avait rien de sympathique. Il était froid et avait un air sévère .il se redressa et marcha doucement en direction de l'étudiante. Puis une fois plus près son expression fondit légèrement. Ervin avait les sourcils légèrement relever et avait un certain air de désolé.

- Je ne peux me permettre de fermer les yeux sur votre petit manège. Je vais donc vous demander de corriger avec moi.

Ervin laissa tomber la pile sur le pupitre de la Glacies qui fit un claquement sourd. Puis il balança la feuille de bonne réponse. En fait c'était une punition un peu bénéfice corriger ainsi allait la faire travailler et étudier. Ervin avait beau être sévère il n'appliquait pas de punition inutile. Puis le professeur tira le pupitre voisin et s'installa à côté de Svenja , mais de face, comme ça il était en diagonale et avait un vu sur sa coupable.

En dehors du cours de survie qui lui était véritablement utilisée, aucun des cours de l'académie ne l'intéressait et celui sur la maitrise du don était le pire de tous. Probablement pour la seule raison qu'elle n'en avait rien à faire de son alliance avec son dragon et qu'elle n'avait qu'une envie, sortir de ce lieu. Elle écoutait donc que distraitement en classe, s'arrangeant pour ne pas être nommée par les professeurs pour répondre en classe et s'éclipsait toujours rapidement.

Pourtant, cette fois-ci, elle ne put le faire. Le professeur lui demanda de rester alors que les autres étudiants sortaient. Ce n'est que lorsque ceux-ci furent sortis que Svenja sut la raison pour laquelle il la retenait.

— Oui monsieur.

Elle restait tout de même polie, l'éthique, c'était important pour elle. En même temps, le professeur n'avait visiblement pas envie de rester dans cette classe plus qu'elle. Il lui demanda cependant la chose la plus improbable : corriger. Assise à un pupitre, la pile des questionnaires des étudiants devant elle et la feuille de correction que venait lui remettre le professeur. Celui-ci vint s'installer près d'elle pour l'observer. Un rictus vint se faire sur le bord de ses lèvres. Elle ne savait ni lire ni écrire.

— D'accord.

Prenant la première feuille, elle regarda l'endroit où il y avait une question, et observa la copie du professeur, elle tentait de trouver les "dessins" pareils et ceux différents. Cependant, elle n'avait pas pris en considération que l'écriture changeant à chaque personne, personne ne pouvait avoir exactement la même courbe ou la même ligne droite qu'une autre. Donc elle inscrivait des erreurs à toutes copies...

Bien calé sur sa chaise Ervin ne se doutait pas d'avoir donné le mandat de correction à une illettré. D'ailleurs ce n'était sans doute pas la seule dans sa classe. Le pauvre Ervin était déconnecté de cette réalité qui fut jadis la sienne. Peu d'étudiants savaient lire et pour le peu que cela servirait. Pas tout le monde qui étaient voués à un rang ou l'écriture serait de mise pour rédiger des rapports. Toutefois, d'un certain sens cette compétence était essentielle pour la vie de tous les jours.

Le professeur corrigea rapidement quelques copies et remarqua que certaine personne lui avait remis des pages blanches. Il fronça les sourcils se sentant dupé, mais le sentiment se dissipa aussitôt. Il venait de se rendre compte qu'il avait affaire à des personnes venant de plusieurs types de milieux. Certain, surtout chez les Kevens n'avaient jamais eu affaires aux lettres. Il soupira se trouvant ridicule. Rapidement il passa une main dans sa chevelure se rendant compte qu'il avait probablement stressé des élèves pour rien.

-Vous pouvez arrêter.

Il dit cette phrase avec beaucoup moins de mordant qu'au par avant. Il n'avait plus ce ton autoritaire et sur de tout. Ervin ramassa les copies ''corrigé'' par celle qui avait possiblement faussement accusé de lâcheté. Puis ses yeux glissa sur les copies, même les bonnes avaient été marqués comme erroné. Il ne savait pas si cela était de la foutaise ou si elle avait tenté de retrouver la réponse parfaitement identique à la sienne. Peu importe, il n'allait pas se plier à faire des excuses a une élève.

-Madamoiselle, je voudrais que vous retrouviez Madame Garon et que vous lui demandiez de l'aide après vos cours. Je crois que cela serait pour le mieux pour vous et pour l'académie.

Il ne dicta pas ses réel motif, mais il connaissait bien la rapidité d'esprit de sa collègue. Il savait bien qu'elle trouverait ce qui cloche et pourrait le régler. Elle n'était pas la plus allumée sur le terrain, mais son intelligence était bien au-dessus de plusieurs. Il eut un sourire en coin à cette pensée. Imaginant Gwen au front, un petit rire s'échappa de ses lèvres et il fut tiré de sa rêverie. Ervin se redressa et jeta toutes les copies aux poubelles. Ce n'était plus la peine de perdre du temps avec cette paperasse. Il posa une main sur son bureau et regarda d'un air pensif son étudiante.

-Mademoiselle, je ne vous est pas attendu une fois dans mon cours. Ceci n'est pas un reproche. Je sais bien que la théorie est assommante, mais avec le don on peut faire des merveille. Ne voudriez pas faire des merveilles vous aussi ? Croyez-moi...

Il prit une pause et regarda en direction de la porte comme s'il avait cru entendre quelqu'un arriver.

-Je sais a quel point être ici est pénible. C'est une dure étape à passer. Donnez vous un peu et le temps passera plus facilement.

Il eut un choque. À qui parlait-il ? À elle ou à lui-même? Sauf, qu'il fallait bien l'avouer, autant pour lui que pour n'importe qui fréquentant l'académie... il avait raison.

Svenja poursuivait sa « correction » sous l'oeil de son professeur. Autant il paraissait parfois songeur qu'à d'autres moments, il regardait certaines copies. Il finit par lui dire qu'elle pouvait arrêter. Se retenant de sourire, elle posa la plume et s'adossa à sa chaise. Il lui proposa d'aller voir un autre professeur sans vraiment expliquer pourquoi. Peut-être avait-il compris qu'elle ne savait lire et écrire. Plissant les sourcils, elle tenta de se souvenir qui était déjà cette autre professeure. Elle se remémora l'enseignante de survie, femme complètement perdue et à côté de la plaque. Si son cours était le plus intéressant de l'académie selon Svenja, ou plutôt le seul qui lui était utile, elle se demandait bien en quoi cette personne pourrait l'aider. C'était sans nul doute le seul professeur de l'histoire de l'académie qui arrivait en retard à sa classe.

— D'accord, monsieur.

Il ne lui avait pas dit quand aller la voir, du coup, Svenja ne se presserait surtout pas pour y aller. Décidément, la rêverie était probablement un trait commun à plusieurs des professeurs puisque celui-ci sembla réfléchir un instant avec de rire légèrement. Le voir aller jeter toutes les copies à la poubelle surprit cependant la jeune fille. Tout ça pour ça? Les autres étudiants n'aimeraient surement pas savoir que ce qu'ils faisaient en classe ne servait à rien. Il reporta son attention à la jeune fille. Il lui reprochait de ne pas parler en classe et lui vantait les mérites du don de l'alliance entre l'allié et le dragon. Il était aussi convaincu que tous les autres idiots de cette école que c'était la chose la plus merveilleuse qui soit. Mieux valait lui faire accroire qu'il avait raison et elle pourrait partir plus rapidement.

— Oui, monsieur, c'est tout simplement que je n'ai pas de questions à poser. Soit d'autres élèves les posent avant moi ou que vous y répondez de vous-même, donc je préfère ne pas répéter inutilement des questions déjà répondues.

C'était logique comme réponse tout de même.

— J'ai connu pire endroit, monsieur, et je suis convaincue que j'en connaitrai des pires encore. Ne vous inquiétez pas à mon sujet à ce propos.

Effectivement, la prison était plutôt pire, le lit beaucoup moins confortable et la nourriture laissaient de beaucoup à désirer. Quant aux endroits pires à venir, l'armée était sans doute la finalité des pires endroits possible pour Svenja.

— Si vous permettez...

Svenja se leva de sa chaise.

Ervin soupira un long moment. Il se sentait pas forcément mal d’avoir puni son élève à tort, mais il avait plutôt un peu honte d’avoir mis la barre trop haute pour le groupe de première. Il est vrai que en temps de crise personne ne ferait la différence entre jeune ou vétéran et aucun ennemis ne serait clément. Toutefois, il fallait bien commencer doucement et leurs donner les notions par fragments et leurs expliquer leurs fonctionnements. Tout leurs balancer avec un ‘’Faites-le!’’ ne les rendra pas meilleurs. Il faudra une approche plus douce, moins structuré sur une base militaire. La femme qu’il avait devant lui était un exemple de sa première erreur. Il n’avait pas sous-estimé son groupe, mais bien surestimé. Vu l’âge de certain, il avait sauté à de mauvaises conclusions, il aurait dû demander l’état académique de chacun pour voir les projets possible. Pour ce qui est de Svenja , Gwen allait s’en charger pour sûr. Ervin ne pouvait faire plus. Rien de bien extraordinaire n’allait arriver, rien ne servait de la garder plus longtemps.

— Si vous permettez...

Svenja se leva de la chaise, visiblement sur le point de partir. Ervin lui sourit. Pas un sourire de joie, mais un désolé. Un mot qu’il ne dirait visiblement pas. Le sourire monté en coin vers la droite et les yeux légèrement plissé parlait à sa place.

-Damoiselle…

Le professeur s’était rapproché. L’homme lui tendait la main et sans même attendre lui avait délicatement saisi la sienne. Comme un reflex, il infusa la jeune avec son don. Lui envoyant une chaleur interne réconfortante. Surement pour accompagner son excuse muette.

-Je suis heureux de vous avoir comme élève. Je suis certain que toutes ses années que nous allons passer ensemble sera des plus agréable. Vous pouvez aller faire ce que vous avez à faire. Si jamais vous avez des questions ma porte sera toujours ouverte.

Il lui lâcha en doucette la main la faisant que glisser. Il ne tentait pas de la charmer ou quoi que ce soit, il était seulement de nature douce lorsqu’il était question de contact physique. Surement en cause de sa réelle profession. Après tout il était un médecin diplômé. Le professeur recula de quelques pas laissant plus d’air à son élève. Il retrouva sa chaise derrière son bureau et de calla dans celle-ci en posant ses pieds sur le bureau et en faisant basculer sa chaise légèrement vers l’arrière. Ervin avait déjà un air moins coincé, sa petite aventure avec Svenja lui avait ouvert les yeux sur certain détailles. Déjà il respirait mieux.

-Au prochain cours, Damoiselle Frizts.