Ayant bêtement perdu mon post dans une édition pourrie, je vous résume:
Jan s'est réveillée et s'est fait apprêté, pensant que Niels ne lui a pas offert le traditionnel bouquet d’edelweiss due à sa promise par le futur époux. Elle bade sur Nicola mais est déterminée. En allant à la calèche qui la mènera à l chapelle familial, elle voit que Niels lui a fait un chemin d'edelweiss jusqu'à la calèche et qu'un bouquet se trouve dans le transport. Elle semble un peu consolée et arrive à la cérémonie toute emmitouflée, physiquement profondément marqué mais debout, marchant avec des béquilles, refusant d'aller en fauteuil à l'autel. Niels la soutient.
Désolée encore les dudes. é_è
Dernière édition par Jan Wennerström le Dim 7 Oct - 13:59, édité 6 fois
Le martèlement inlassable des chaussures de servants et autres domestiques ne l'avait pas éveillé. Il était presque trois heures du matin lorsque Niels, après une courte nuit de quelques heures, avait ouvert les yeux pour superviser en personne certains préparatifs. Il assista dans la lumière presque fantomatique des lanternes à la mise en place discrète de ce parterre d'Edelweiss destiné à sa sœur. En silence, les mains gantées derrière le dos, il avait regardé de longues minutes les jardiniers affairés. Puis il s'en était retourné après quelques instructions. Il ne trouverait pas le sommeil, sans doute était-ce là la seule marque de sa nervosité. Chaque soir, inlassablement, il avait veillé sa sœur jusqu'à ce qu'elle reprenne assez de forces pour parler et ouvrir les yeux. Il avait été là. Parce que c'était son devoir de futur époux. Parce que c'était ce que l'on attendrait de lui. Et au delà encore, c'était son devoir de frère ainé.
Un vaste devoir familial, ancestral, voilà ce qu'était pour lui cette femme affaiblie, réduite à l'impuissance par les fous qui avaient défié le Nordheim à travers Jan. Nulle pitié n'avait sa place dans les yeux ambre clair du gouverneur. Il aurait été humiliant pour sa cadette d'être prise en pitié. La date du mariage n'avait pas été repoussée. Tout se déroulait à présent, s'égrainant en heures après s'être égrainé en mois. La chaîne se repliait, inexorablement, jusqu'à entraver les ailes décharnées de ce drôle de serpent à plumes qu'était Niels. Il savait qu'il comptait à présent les heures avant la perte totale de toute liberté. Une décision qui ne lui était jamais revenue : un gouverneur se doit de se marier. Etait-ce véritablement si important ? Aucune des femmes qu'il avait pu croiser ne lui avait plu. Elles n'étaient que des êtres superficiels, sans autre ambitions que d'être des succubes à pouvoir et richesse. Alors pour clouer le bec de toutes les pintades, de toutes ces volailles de basse cours, Niels avait choisi sa propre demi-sœur. Parce qu'il la détestait et l'appréciait confusément. Elle se pensait semblable à lui, prise à la gorge par un destin qu'elle n'avait choisi : elle était pourtant bien plus libre que lui.
Niels attendait à présent devant la petite chapelle, droit et digne comme une statue de marbre, vêtu de blanc dans ce paysage de neige, avec sur sa cape doublée d'hermine les entrelacs symboliques de l’Yggdrasil. Le symbole de son pays, un vieil arbre d'un autre temps, immense et aux branches moribondes. Son costume blanc rehaussait l'éclat de son teint pâle, de ses cheveux d'un blond presque blanc. L'arrivée de sa sœur ne provoqua en lui nul émoi. Elle était belle, comme une poupée de porcelaine. Mais sa beauté lui était étrangère et indifférente, comme cette vaste mascarade qu'était cette union sans amour. Un mariage de nécessité.
Les invités massés dans la chapelle attendaient leur livre de chair fraîche, le début du spectacle. Ils se repaîtraient plus sûrement de la faiblesse de sa sœur, de ce mariage traditionnel mais entre enfants d'un même sein. Donnant le bras à sa sœur, qu'il ne salua à son instar que d'un signe de tête, il s'avança dans l'allée, d'un pas lent, gravissant les marches avec une lenteur cérémonieuse qui l'arrangeait bien : il supportait le poids de Jan, en silence, fier de la voir si courageuse. Elle avait toujours été ainsi : fière. Et devant tous, ce jour-ci, elle refusait de courber l'échine, d'être menée à l'autel en infirme. Il ne souriait pas mais il l'aidait à cheminer, les yeux fixés vers l'autel alors qu'ils entraient dans la chapelle de pierre sobre, le long de cette allée interminable. La tête haute. Le regard droit. Ne jamais plier. Ne jamais montrer le moindre signe de faiblesse. Le serpent sans aile ne donnerait pas raison aux vautours. Car son venin était bien plus mortel que leurs becs.
Pour tous c'était un couple trop semblable qui avançait jusqu'à l'autel pour y recevoir la bénédiction du prêtre. Pour lui, ce n'était qu'un simulacre de plus. Et une chaine de plus. Un devoir que l'on accompli sans plaisir, ni passion. Parce que ni lui, ni elle, n'avaient le choix.
Invité
Jeu 4 Oct - 18:37
La calèche en provenance d'Aeria était arrivée la veille, transportant sa précieuse cargaison : le gouverneur, son fils ainé et sa fille cadette. L'épouse du gouverneur avait été excusée. Sa santé fragile n'aurait pas supporté le voyage, et encore moins le froid polaire de Nordheim. Mara n'avait cessé de papoter pendant tout le trajet, à propos du gouverneur de Nordheim et de sa prestance légendaire, du drame qui avait frappé sa fiancée, du fait qu'ils étaient frère et soeur, qu'elle-même n'accepterait jamais de se marier avec Aldo, qu'elle se demandait à quoi pouvait ressembler la capitale Nordenheimir, à quoi ressemblaient les Edelweiss que semblait tant apprécier la future mariée et blablabla. Aldo en avait eu mal à la tête depuis qu'ils étaient partis. Il avait bien tenté de convaincre son père de le laisser venir par ses propres moyens, sur le dos d'Azula par exemple, mais le gouverneur avait refusé, prétextant que le protocole prévoyait que la famille devait arriver ensemble, unie, pour montrer l'exemple. Pourquoi Mara devait-elle parler autant et se comporter en gamine de cinq ans à chaque fois qu'elle se trouvait en présence de son frère, alors qu'en public, elle se montrait comme le futur gouverneur qu'elle était ?
Allongé sur le dos, les bras repliés derrière sa tête, sous de chaudes couvertures et peaux dans la chambre prêtée pour l'occasion dans le manoir Wennerstöm, Aldo se demandait ce qu'il faisait là. Ce n'était pas sa place. Il ne s'y sentait pas à sa place. Même en tant que fils de gouverneur. Et que devrait-il faire quand ce serait sa soeur qui reprendrait le flambeau ? Grand Dieu !!! Il se redressa d'un bond dans le lit, soudain sortit de ses pensées par un coup à la porte. Torse nu, il s'empressa de ramener les couvertures un peu plus sur lui alors qu'une domestique entrait portant un plateau qu'elle lui déposa sur les genoux.
-Euh... c'est... je... Merci.
Balbutia-t-il alors que la domestique ressortait sans un bruit et refermait la porte derrière elle. Aldo scruta la nourriture qu'on lui proposait et grignota quelques morceaux par politesse. Mais en réalité il n'avait pas faim. Il repoussa délicatement le plateau et se leva. La domestique revint à ce moment-là pour lui demandait de le suivre pour son bain. Soupirant à cause de ce traitement qu'on réservait aux familles de gouverneurs, Aldo se laissa entrainer à travers les couloirs, la domestique portant ses affaires dans les bras.
Il lui fallut reconnaître qu'un bain bien chaud eu raison de sa lassitude et il se laissa détendre par l'eau chaude tandis qu'il se savonnait. En Aeria, la température descendait rarement en-dessous de dix ou douze degrés, même en plein coeur de l'hiver. La neige il ne connaissait pas, encore moins la glace. Ce voyage promettait d'être intéressant.
Il retrouva son père et sa soeur quelques heures après le lever du soleil, dans un décor absolument fabuleux, avec tout ce blanc alentour. Le trio fut invité, en même temps que les autres convives à se rendre à la chapelle où se déroulerait la cérémonie. Il prit place à l'endroit indiqué et observa les autres invités en attendant les futurs mariés. Il se demandait à quoi pouvait bien ressembler le gouverneur de Nordheim et si celle qui avait été son professeur, était toujorus la même. S'ils se ressemblaient, dans quel état elle serait, s'il avait les cheveux aussi clairs que ceux de sa soeur.
Les cloches se mirent à résonner et tout le monde se leva d'un même mouvement pour accueillir le couple. Les portes de la chapelle furent ouvertes, laissant entrer un homme de haute stature, une femme frêle béquillant à côté de lui. C'était eux. Aussi semblables qu'ils étaient différents. Aldo fut frappé en reconnaissant à peine son professeur quand ils passèrent près d'eux. Il ne l'avait jamais vu debout et constata combien elle était grande. Mais ce furent surtout ces yeux qui le frappèrent... ces yeux bleus. Miss Wennerström n'avait pas les yeux bleus, auparavant. Mara ne pouvait s'empêcher de sourire comme une idiote, de son sourire hypocrite de politicienne en devenir, devant le charisme du fiancé. Elle était bien le portrait de leur mère tout craché. Mais avec le caractère de leur père, en pire peut-être.
Aldo fut surpris cependant de voir la future mariée sur ces deux jambes, alors qu'on racontait partout qu'elle ne pouvait marcher. Le Nordheim pratiquait-il une magie perdue qui permettait de retrouver l'usage de ses jambes en pareille circonstances ?
Le silence se fit quand ils parvinrent à l'autel, et l'assemblée fut conviée à s'asseoir, tandis que la cérémonie commençait.
Invité
Jeu 4 Oct - 22:56
Putain...
Voilà un évènement auquel il ne s'était pas attendu à assister...
Mais pourquoi avait-il fallu que le gouverneur de Nordheim l'ait invité à cette farce rocambolesque ? Nicola aurait largement préféré se trouver à des lieux de là, sans plus se soucier de voir la femme qu'il aimait se faire mettre la corde au cou par un autre.
Le mariage... Jamais de sa vie, il n'avait pensé vouloir s'enchaîner à quelqu'un. Même son amour pour la future mariée n'était pas allé jusqu'à lui faire penser à ça. Non pas qu'il soit anti-engagement. Simplement, une vie passée sans lien réel avait de quoi instaurer une méfiance naturelle envers ce genre de manifestation. Mais là, la pilule était un peu dure à avaler...
Et surtout très amère...
Le professeur de combat avait revêtu pour la circonstance une chemise blanche sous un blazer bleu marine avec un pantalon noir. Il n'avait jamais aimé les smokings et encore moins les cravates. Ses longs cheveux rouges étaient noués en catogan.
Il s'était posté au fin fond de la chapelle, observant le cirque de loin, les mains dans les poches en une attitude faussement nonchalante. C'était une horreur, un mauvais film qui se déroulait sous ses yeux mais dont il ne pouvait arrêter le déroulement sans créer d'incident diplomatique, le bouclier de Niels Wennerström. Il avait juré à Liam de bien se tenir, de ne pas intervenir, et il tiendrait sa parole.
La mariée apparut justement à l'entrée.
Son coeur fit un immense bond dans sa poitrine, avant de se briser en milles morceaux sous le coup de plusieurs chocs successifs. Jan... Tellement maigre depuis son agression, la couleur de ses yeux ayant changé pour devenir d'un bleu de glace, leur rendant une beauté encore plus soutenue, si élégante malgré ses béquilles, tellement belle...
L'envie si forte de sauter par dessus les bancs pour l'emporter dans ses bras et s'enfuir avec elle lui fit serrer les dents et les poings, à tel point que ses jointures en blanchirent en tremblant. Mais il ne ferait rien... Il n'allait rien faire... Il allait rester là, dans son coin, observant cette blague avec le coeur en miettes.
Une très forte envie de rhum le prit comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Juré, il allait se pinter très fort la gueule, tout en restant loin de cette femme. Elle le rendait complètement marteau et le faisait souffrir à chaque fois bien plus que de raison.
Et il lui en voulait pour ça...
Invité
Ven 5 Oct - 12:25
Pour la cent cinquantième fois de la journée, Liam consulta l'heure à sa montre. Assis derrière son bureau, il tapotait le bois dur de ses doigts dans un geste nerveux. Nicola lui avait promis de ne pas faire d'esclandre, mais une boule au ventre l'avait pris depuis et ne semblait plus vouloir le quitter. Pourtant, il devrait bien faire avec. Nicola ne l'avait jamais trahi, il ne commencerait pas, n'est-ce pas ? Il ne ferait pas tout capoter et ne ferait rien de stupide qui provoquerait la fermeture de l'académie... n'est-ce pas ? Il prit une profonde inspiration pour se calmer et regarda de nouveau sa montre. Il se leva, prit son manteau de fourrure et se dirigea vers la sortie. En marchant d'un pas vif dans les couloirs de l'académie, Liam repensa à la discussion qu'il avait eu avec Nicola quelques jours plus tôt. Ses pensées le portèrent vers Jan aussi, ce qu'elle avait subi était ignoble et il ne savait pas comment réagir face à cela. Sa haine envers les Wyrms n'en fut que renforcée par cet acte de violence. c'est le visage fermé qu'il arriva devant Brynn qui pencha son énorme tête vers lui, touchant presque le sol de son menton.
-Où est Gwen.
Liam sortit de sa torpeur et plongea son regard écarquillé dans celui de sa dragonne.
-Elle n'est pas là ? Demanda Liam en tournant sur lui-même pour chercher le professeur de survie des yeux. Mais force était de constater qu'elle n'était effectivement pas encore arrivée. Liam la connaissant parfaitement, il se dit qu'elle devait avoir oublié et être encore dans sa chambre, ou à la bibliothèque, comme d'habitude. Donnant son manteau chaud à Brynn pour qu'elle le dépose sur la selle double prévue pour l'occasion, Liam marcha d'un pas pressé, mais sans courir jusqu'aux dortoirs du personnel. Il toqua quelques coups à la porte de Gwen, mais aucune réponse ne lui parvint. La bibliothèque devait donc être la seconde solution. Courant presque, il prit l'ascenseur pour se rendre au premier étage et se dirigea aussi rapidement vers la bibliothèque. Comme il s'en doutait, Gwen était là, le nez plongé dans un gros ouvrage d'herboristerie sans doute.
-Miss Garon !S'exclama-t-il d'une voix forte, sans se préoccuper de la règle du silence en ce lieu de connaissance.Le mariage, Gwen ! On doit y aller, maintenant. Sans autre préambule, il se retourna et revint vers la sortie de l'académie où Brynn n'avait pas bougé et attendait ses deux cavaliers du jours. Liam sauta en selle et aida Gwen à s'y installer derrière lui, puis d'une pression sur les écailles de la dragonne, celle-ci s'envola haut dans le ciel.
Le voyage dura plusieurs heures, pendant lesquelles Liam avait emporté quelques lettres à rédiger. Le travail ne le quittait jamais et il avait l'habitude d'écrire en selle. De plus la dragonne faisait toujours en sorte de voler le plus droit possible, avec le moins de secousses possible. Quand ils approchèrent de Nordheim, ils revêtirent leurs manteaux chauds. Et enfin, la dragonne se posa devant les portes du manoir Wennerström.
Après qu'on les aient fait entrer, Liam resserrant les pans de son manteau contre lui, tellement le froid était mordant, on les dirigea vers la chapelle. Il prit le temps d'admirer le lieu en passant, mais il avait tellement froid qu'il ne sentait même plus le bout de ses doigts et se rappela que Jan avait failli mourir d'hypothermie quand elle s'était faite agresser. Il se demandait comment elle avait bien pu faire pour tenir plusieurs jours dans cet état. Il ne se fit pas prier pour entrer dans le lieu chauffer déjà bondé de monde.
*Brynn, rentre à Lindorm. Tu ne supporteras pas bien longtemps ce froid. Reviens demain.* *D'accord. Amuse-toi bien...*
Liam eut un rictus, presque un sourire à la pensée de sa dragonne et le perdit aussitôt en croisant Nicola dans le fond de la chapelle. Il trouva une place libre sur un banc un peu plus avant et s'y installa en attendant le début de la cérémonie. Même s'il n'approuvait pas ces coutumes, il n'en était pas moins content d'avoir été invité par Jan. En observant l'assemblée, il reconnu Aldo Ortega qui était venu accompagner son père, le gouverneur d'Aeria et sa soeur cadette, le futur gouverneur de cette nation. Puis il croisa le regard de Jillah Le Derrien accompagnant son père, et les salua tous deux d'un hochement de tête courtois.
Les cloches se mirent à sonner annonçant l'entrée du couple et Liam se leva suivant le mouvement. Son coeur s'arrêta de battre quand son regard tomba sur Jan. Le contraste entre elle et son fiancé était flagrant. Ils formaient un beau couple certes et assortis. Mais la jeune femme avait tellement maigri. Ses yeux avaient changé de couleur. Ses cheveux étaient encore plus blancs que d'habitude. Elle marchait debout s'aidant de béquilles et cela faisait longtemps qu'il ne l'avait vu dans cette position. Il revit alors la jeune fille qu'il avait connu à l'époque de leurs études. Sa gorge se noua à la pensée de tout ce qu'elle avait vécu et comment elle tenait la tête haute, montrant à tous qu'elle était forte et qu'elle tenait bon. Comment faisait-elle ? Quel était son secret ? Il respira de nouveau quand le couple passa devant lui et il adressa un sourire amicale à Jan quand leurs regards se croisèrent. Du moins, il pensa que leurs regards s'étaient croisés un fugace instant. Mais son imagination lui avait peut-être joué des tours. Après tout, il y avait tellement de monde à ce mariage, elle ne voyait peut-être pas tout le monde pour le moment. Liam se rassit avec les autres quand le couple fut arrivé face au prêtre et il garda le silence, écoutant la suite.
Invité
Ven 5 Oct - 20:11
En tant que collègue, Gwen avait accepté l'invitation au mariage de Jan. Cependant, il y avait quelque chose qui l'agaçait, sans savoir pourquoi. Comme un petit détail qui ne lui revenait pas. Haussant les épaules, elle se doutait bien que cela lui reviendrait plus tard.
Le matin même, elle se vêtit de sa plus belle robe. C'était une robe tout de même simple, d'un vert forêt qui rappelait son élément draconique. Longue, en velours et border d'une mince ligne de fourrure blanche au col, aux manches et au bas, elle était suffisamment élégante pour assister à un mariage. Gwen ne provenait pas d'une famille très riche et son seul salaire était celui de l'enseignement qui comprenait sur le logis et la nourriture. Quoi demander de plus, de toute façon?
Son maigre bagage déjà préparé, elle n'avait plus à attendre que le moment du départ. Aussi, profitant de quelques minutes, elle se dirigea vers la bibliothèque pour aller y porter un livre qu'elle avait terminé. Cependant, un autre retint son attention et c'est sans s'en rendre compte qu'elle se retrouva assise à une table, un livre ouvert, son manteau sur le dos et son bagage à ses pieds. Fort heureusement, le directeur vint la sortir de son état lunatique.
— Oh! Pardon! Je n'avais pas vu l'heure...
Lui emboitant le pas rapidement, elle pensa tout de même à prendre son bagage. Quelques jours auparavant, elle avait demandé à Liam s'ils pourraient faire le voyage ensemble, Reskar n'ayant pas d'ailes, il ne pouvait se rendre dans les terres glaciales et nager jusque-là relèverait de la folie pure et simple. Embarquant maladroitement sur le dragon du directeur, Gwen avait le coeur battant. Elle n'avait pas eu souvent l'occasion de voler et il lui prenait souvent un petit vertige au décollage. S'accrochant comme elle le pouvait après la selle, le voyage lui fut pas trop désagréable. La dragonne était habituée aux températures instables et aucune secousse ne troubla la jeune femme.
Jan lui avait déjà décrit le froid qui régnait dans cette région, mais Gwen ne s'était pas attendu à ça. Ravie d'avoir une chaude robe sous son manteau, elle appréciait tout de même la chaleur de la chapelle où ils furent conduits. Prenant place la rangée derrière le directeur, Gwen attendit comme tous les autres invités l'arrivée du cortège. Chaque région avait des coutumes bien différentes pour les unions, et cela variait aussi selon les rangs sociaux. Habituée à de petites cérémonies en clairière, le faste de celle-ci étourdissait Gwen.
C'est alors que les mariées arrivèrent et que Gwen ressentit encore une pointe d'agacement, d'un souvenir qui ne s'estompait pas. Observant rapidement le marié, sachant qu'en sa position, elle n'aurait pas souvent affaire à un gouverneur, son regard resta figé sur Jan. Il y avait quelque chose qui ne lui semblait pas normal. Puis, son visage s'éclaircissant, sa main saisit brusquement le bras du directeur devant elle. Il n'y avait pas de force, mais de la surprise et de l'étonnement dans ce geste. Sans le regarder, le regard toujours fixé sur la mariée.
— Ce n'est pas elle... Ce n'est ni ses yeux, ni ses cheveux, ni même son corps... Rien dans ses expressions ne lui ressemble...
Peut-être que les Wyrms avaient laissé une femme semblable à Jan pour infiltrer le territoire, peut-être était-elle toujours prisonnière de ceux-ci! Une expression d'horreur prit place sur le visage de Gwen. Tourna son visage vers le directeur et plongeant ses yeux dans les siens, chose qu'elle n'avait probablement jamais faite auparavant, Gwen avait une expression grave.
— Cette femme n'est pas Jan Wennerström...
Qui pouvait réellement affirmer que c'était elle? Les centaines de membres de familles qui ne l'avaient jamais vu ou au mieux, vu une fillette? Son futur mari qui avait ramassé une femme qui lui ressemblait après sa disparition? Toutefois, Gwen s'assit comme les autres, lâchant le directeur, mais angoissée qu'une inconnue prenne la place de Jan et s'infiltre dans les hautes sphères de la société...
+ Date d'inscription : 14/07/2012 + Messages : 1944 + Orbes : 781 + Âge du Personnage : 21 ans + Poste occupé : soldats des Lianes Terrestres + Nom du dragon : Salaun + Type de Dragon : Terre + Le Don légué : la main de Gaïa + Inventaire : -Un pendentif en forme de dragon offert par sa soeur Jillah le Derrien
Sam 6 Oct - 11:40
Le froid...le froid mordant de cette Nation vous transperçait jusqu'aux os, il était tellement insupportable que Jillah se tenait pelotonnée contre sa sœur aînée dans la calèche qui les emmenait vers la demeure du gouverneur Wennerström. Elle regrettait le climat agréable de Keven, les hivers y étaient peut-être froids mais ce n'était rien par rapport au froid qui régnait en ces lieux.
Le père des deux jeunes filles, Aodren le Derrien, dormait tranquillement, les yeux fermés et les bras croisés sur son large torse, imperturbable comme d'habitude. Une longue cape bordée de fourrure lui couvrait les épaules et le froid ne semblait pas l'atteindre, lui, le 1er conseiller du gouverneur de Keven. Un véritable roc.
La jeune fille sourit en le regardant, ce qu'elle pouvait l'aimer son nounours de père. Aël, quant à elle, vérifiait que sa petite sœur allait bien, posant régulièrement la main sur son front. Elles portaient toutes deux une cape bordée de fourrure, d'un vert profond pour l'aînée et d'un ocre automnale pour la benjamine. Les mêmes couleurs pour leurs longues robes brodées de fins motifs dorés. Elles portaient aussi des gants et des bottines.
Jillah soupira pour la énième fois et se redressa un peu pour passer la tête dehors, Salaun était là, trottinant à côté d'eux:
-Tu ferais bien de rester au chaud Jillah, tu vas attraper froid.
-Et toi ça va?
-Oui, ton père a tout prévu.
En effet, il portait sur son dos une longue cape de fourrure et des protections épaisses aux pattes, ça lui donnait un air presque...humain. La jeune fille lui sourit et retourna à l'intérieur, dans une chaleur relative. Aël la reprit contre elle en passant une main autour de ses épaules:
-Tu ferais bien de dormir, nous en avons encore pour quelques heures. Et puis tu dois être en forme pour le mariage demain ou tu vas être encore plus maladroite que d'habitude.
Les deux jeunes filles pouffèrent doucement de rire et finirent par s'endormir. Le temps leur sembla donc moins long et lorsqu'elles rouvrirent les yeux, elles étaient arrivées.
Le froid mordant les surpris, Aodren leur ordonna gentiment de rentrer se réchauffer tandis qu'on transportait leurs affaires à l'intérieur. Des domestiques les menèrent à leurs chambres tandis que leur père allait s'enquérir de la santé de la future mariée auprès d'une personne habilitée.
Quand la plus jeune repensait à ce qui lui était arrivé, une colère sourde l'envahissait, oh bien sûr on ne lui avait pas donné de détails, mais le simple fait de savoir que son professeur d'Histoire-géographie avait été agressée puis laissée pour morte dans le froid suffisait amplement.
Une fois qu'elle fut seule dans sa chambre, elle enfila sa chemise de nuit et se glissa sous les draps chauds de son lit. Le sommeil la fuyait. C'était les Wyrms qui étaient responsables de cette agression...et elle commençait à prendre la menace de leur existence plus au sérieux...elle espérait seulement que son professeur tenait le coup, elle n'était pas encore revenue à l'Académie et même si elle n'était pas la plus appréciée des élèves, sa présence manquait.
Jillah poussa un profond soupir, se demandant si Salaun dormait bien là où il était et s'il n'avait pas trop froid. Puis, la fatigue du voyage aidant, elle finit par sombrer dans un profond sommeil.
****
-Jillah! Réveille-toi! On doit se préparer pour le mariage!
Aël secouait doucement sa sœur qui clignait des yeux, l'agitation qui régnait dans la demeure des Wennertröm parvint à ses oreilles et elle se rappela soudain la raison de leur présence à Nordheim. Le mariage du gouverneur! Elle repoussa les couvertures, avant de les remettre rapidement sur elle:
-Il fait trop froid!
-Oh allez miss frileuse! Les domestiques t'ont préparé un bon bain et tu as déjà un plateau qui t'attend pour le petit déjeuner! Allez dépêche-toi!
L'ainée se mit à rire et sauta sur le lit pour chatouiller sa sœur qui fut bien obligée de s'avouer vaincue:
-D'accord d'accord, j'arrive! Et papa, je suppose qu'il est déjà prêt lui.
-Oui, il aide aux derniers préparatifs, tu sais bien qu'il n'aime pas rester les bras croisés. Allez je te laisse, je vais manger et je repasse dans une demi-heure pour t'aider.
Après une petite tape sur les cuisses, Aël sortit. Jillah prit son petit déjeuner et avisa la salle de bain. Elle s'emmitoufla dans sa cape avant d'aller prendre sa robe dans la penderie, puis, elle se laissa glisser dans la baignoire avec un long soupir de bien-être. De la chaleur! Elle se lava et se força à sortir de là pour se sécher.
Puis, elle enfila une robe longue, verte comme les feuillages des arbres de Keven, aux manches longues s'évasant à partir du coude, ses épaules étaient nues mais le col de la robe était bordée de fourrure ocre. De fines broderies florales dorées partaient de la poitrine en s'écartant vers les hanches. Elle mit rapidement ses bottines et son pendentif représentant un dragon, puis elle attendit sa sœur.
Celle-ci se présenta quelques minutes après et entreprit de brosser sa longue chevelure prune dont elle fit une tresse:
-Et voilà, tu es superbe!
-Merci...bon allez, à toi!
Aël se retrouva avec un chignon, deux petites mèches passant devant ses oreilles. Les deux jeunes filles étaient prêtes et heureusement, leur père frappa à la porte de la chambre et la petite famille se mit en route pour la chapelle.
Là, Jillah sourit en reconnaissant certains visages. Elle retrouva Aldo accompagné de sa famille qu'elle ne connaissait pas, elle lui sourit et s'installa sur le banc derrière eux avec Aël et son père qui salua poliment le gouverneur d'Aeria. Ils se parleraient plus tard, pour l'instant la cérémonie allait commencer et il était temps de faire silence.
La jeune kevii jeta quelques regards dans l'assemblée et aperçut le professeur Ferretti, puis le directeur et enfin son professeur principal qui arrivèrent juste à temps.
Les mariés faisaient enfin leur entrée et la jeune fille était un peu inquiète pour Mademoiselle Wennertröm, mais celle-ci, bien qu'amaigrie, se montra forte et digne. Une bouffée d'admiration envahit Jillah lorsqu'elle la vit passer, si fragile mais tellement déterminée à la fois. Elle serra la main d'Aël. Puis, elle porta son attention sur le gouverneur, le demi-frère de la future mariée, si semblable qu'il lui ressemblait comme un jumeau.
Jillah se demanda un instant s'ils se mariaient par devoir ou par amour, peut-être bien les deux après tout, mais elle ne connaissait rien de leur histoire, alors elle ne se permit pas de juger, se contentant de regarder tout cela avec solennité.
Dernière édition par Jillah le Derrien le Dim 7 Oct - 14:53, édité 1 fois
Invité
Dim 7 Oct - 13:51
No wedding without tears.
SWANS SING BEFORE THEY DIE AND THEIR SONGS RESOUND THROUGHOUT THE SKY.
Ce n'était pas un jour triste; ce n'était pas un jour heureux. C'était un jour de devoir et d'acceptation: la résignation de Jan lui semblait être le résultat de sa destinée. Se soumettre et donner de sa personne n'était pas toujours si négatif, selon elle. Ce genre de sacrifice était honnête et courageux; elle resta droite et digne en prenant le bras de son demi-frère, avançant dans l'allée entre les deux rangées de convives. La froideur et la force avait toujours caractérisé la jeune femme, mais elle était aussi fragile; le frêle de son corps en attestait, la neutralité de son regard aussi. Elle sentait bien que Niels, sans que rien ne se voit extérieurement, la soutenait pour qu'elle ne paraisse pas d'une démarche trop gauche. Elle ignorait cependant s'il la soutenait comme un frère ou comme un mari.
Jamais ils ne s'aimeraient; ce constat avait prisé les derniers élans romantiques de la Nordenheimir et pourtant, c'était une simple réalité à accepter. L'amour n'est peut-être pas le premier but de la vie, et elle se dit qu'elle pourrait être heureuse auprès de son demi-frère. Ils ne se connaissaient guère, mais il avait eut des gestes envers elle; il faisait attention à sa petite sœur, sans la prendre en pitié. Suivant la ligne de l'allée jusqu'à l'autel, elle était plongée dans ses pensées, le regard comme absent. Elle aurait aimé être malheureuse, déchirée; elle aurait aimé vive ces sentiments qui faisaient délicieusement mal, le cœur déchiré comme dans les grandes histoires entre son amour et son mariage de raison; amis elle ne ressentait rien.
Pas à cause de la maladie, pas à cause de son agression; simplement parce qu'elle réalisait qu'elle serait peut-être heureuse sans amour. Que c'était peut-être mieux. Ses yeux bleus banquise survolèrent les bancs; sur l'un d'eux, Nicola. Désinvolte et insouciant; souffrait-il vraiment. Il n'était pas venu la voir lorsqu'elle combattait la mort, menaçant tout instant de sombrer. Pis, il ne lui avait même pas envoyé de lettre. Son cœur se serra à cette idée: essayait-il déjà de l'oublier, alors qu'elle-même l'aimait? Peut-être ne méritait-il pas son amour.
Jan eut envie de pleurer; elle avorta sa tristesse et continua sa démarche solennellement pour se retrouver avec Niels devant le prêtre. Elle n'avait pas le temps de saluer ceux qui avaient bien voulu venir à son mariage; elle le ferait plus tard: l'instant était solennel et grandiloquent, dans un rituel d'union digne de la famille Wennerström. Le prêtre, richement vêtu de blanc et d'argent, les béni dans leur langue natale, les forçant à incliner la tête et à se prendre par la main. Jan ne faiblit pas, même si elle perdit un appui; elle fit reposer tout son poids sur sa prothèse, sans ciller, tendant sa main pâle et froide à son demi-frère.
L'ecclésiastique noua autour de leurs mains jointes un ruban de soie blanche, représentant le lien qui unirait à présent les deux époux. Sa main tremblait légèrement dans celle de Niels: non pas d'appréhension, mais de froid. Un froid de l’intérieur, qui ne la quittait plus malgré ses vêtements épais et chaud. Même ses cils étaient devenus blancs, frangeant délicatement en cet instant le saphir de ses yeux baissés. Elle n'écoutait pas les prières et les louanges; le temps semblait avoir suspendu son cour et l'avoir replongé dans l'apathie. Les chants lui furent étrangers; elle était soudain comme seule dans cette grande chapelle. Juste elle avec elle-même, la tête baissée.
"Par les liens qui me sont conférés, je vous déclare mari et femme. A présent, vous pouvez embrasser la mariée."
Seule cette phrase tira Jan de sa rêverie torpide; hors de question de faire la moindre erreur tandis que tous les regardaient. Elle pivota sur ses béquille, laissant ses coudes reposer dessus, et porta ses mains à sa toque pour enlever sa coiffe, révélant toute la blancheur nouvelle de ses cheveux, devenus fins comme du fil à tisser. Elle la déposa sur l'autel, puis se tourna vers son futur époux, le regardant longuement; n'était-pas lui qui devait l'embrasser? Elle n'avait jamais embrassé personne. Même violée, battue, abusée. Elle restait une vierge de glace. Son regard semblait comme une question.
Elle le fixa un long moment, sans ciller, avalant sa salive. Un voile couvrit cependant rapidement ses joues, rosissant incroyablement sa peau diaphane de sorte que personne ne put louper ses rougissements. S'embrasser en public, s’embrasser. C'était le rituel, mais cela la mettait mal l'aise. Elle ne savait pas embrasser. Pourtant, après une profonde inspiration, la Nordenheimir ferma doucement les yeux et releva légèrement la tête. Cacher ses rougissements ne servirait à rien; Niels s'en moquait, elle le savait bien. Ce n'était pas important.
Alors elle lui laissa les rennes, à cet homme qui était à la fois son frère et son mari, et qu'elle ne connaissait pas. Elle entrouvrit légèrement les lèvres en attendant son baiser comme pour sceller un pacte, espérant que cela ne serait pas désagréable ou la mettrait trop mal à l'aise. Jan posa ses main sur le torse de Niels, s'appuyant sur lui sans venir à lui; c'était lui qui devait l'embrasser; mais elle était à présent sa femme, et donc devait l'y encourager. Elle avait peur, au fond,d e devoir embrasser celui qui était son époux à présent, sous les yeux de l'homme qu'elle aimait, même pour le décorum. Cette histoire faisait du mal à tout le monde.
Mais ce n'était pas une mascarade; c'était leur devoir. Au mari comme à la femme.
Nicola ne comprendrait jamais, trop égoïste, centré dans sa douleur.
A quoi pensait-elle, cette femme à son bras ? Vers quoi se dirigeait ce regard absent, sans vie ? Etait-elle déjà un cadavre qu'il menait à l'autel ?
Niels ne marquait guère de temps d'arrêt, avançant entre les rangées de convives, notant en marge de son champ de vision quelques têtes connues et mondaines, quelques connaissances politiques et alliés, accompagnés de leurs familles. ce genre d'évènement attirait toute une faune qui lui était étrangère. Il n'y avait dans ce parterre nul ami. Seul Esbern était debout près d'une colonne, appuyé en livrée officielle contre la pierre froide. Un instant, le marié croisa le regard de son ami. Il fut surpris de n'y voir qu'une sorte de triste résignation. Une expression si inhabituelle sur le visage de son servant. Mais il était trop tard pour tout le monde et ils étaient déjà à hauteur du prêtre. Trop tard pour les regrets ou pour ceux qui auraient souhaité que ce jour n'existe jamais.
Les serments rituels, les chants, tout semblait glisser sur lui comme l'eau sur les écailles d'un reptile. Pourtant, il se demandait si cette femme à son bras regrettait la situation, si elle pensait à un autre, si elle faisait cela par inclinaison ou simple devoir. Ils étaient des étrangers. Deux frères qui ne s'étaient jamais croisés vraiment à l'exception d'un soir. Ce soir où il avait été touché par la gentillesse de sa petite sœur. De cette fille que l'on destinait à une chose qui lui aurait plu. Mais les Wennerström n'avaient pas le droit au privilège du plaisir, il n'y avait pour eux que la froideur du devoir sans jamais chercher leur avis. Alors à quoi bon regretter, à présent qu'on nouait leurs mains du ruban symbolique. Ce simple lien de soie, ténu, lui fit l'effet d'une lourde chaîne. Plus de retour possible, il allait être marié et la seule qu'il ai jamais aimé reposait du sommeil des morts, dans ce petit cimetière où il se rendait parfois pour déposer une unique rose blanche, de temps en temps, quand le poids de l'absence se faisait trop lourd.
Le visage du gouverneur n'exprimait rien, fermé à toutes ces choses qui se déroulaient autours de lui, fermé à son propre mariage, pensant simplement tristement à cette pierre tombale dans l'arrière-pays, dans le village natal de sa défunte promise.
La phrase rituelle le tira, à l'instar de sa future épouse, d'une rêverie torpide où Karth aurait pu être sienne. Où ce ne serait pas Jan mais cette femme qu'il avait perdu pour toujours qui serait lié du ruban rituel à son propre poignet. Pourtant, doucement, il se tourna vers sa sœur dont il sentait les mains délicates appuyer sur son torse. Un instant, il la contempla, en attente, offerte au devoir qu'était leur union, et il en conçu une peine sourde. Pas pour lui-même. Mais pour elle, dont il ne savait rien de la vie ou des sentiments. Alors, d'une geste plus doux qu'on aurait pu le penser, il posa sa main au ruban sur celle de sa sœur, la lui tenant délicatement, notant la froideur extrême de sa peau, les tremblements de ce corps détruit. Elle avait la peau douce, lui qui n'avait jamais touché quiconque. Froide. Inclinant la tête, notant une rougeur qu'il ne comprenait pas vraiment, il franchit la courte distance entre leurs visages. Il n'avait jamais embrassé quiconque mais ne faiblit pas, de contentant tout simplement de poser ses lèvres sur celles de Jan en un baiser étrangement doux, chaste. Un mouvement millénaire, presque instinctif, pour lequel il ne s’embarrassa pas de questions. Il était trop tard pour s'en poser. Les lèvres légèrement bleuies de froid de Jan étaient aussi froides que sa peau. Mais elles avaient la même douceur que sa main. Ce ne fut pas aussi désagréable qu'il l'avait craint, plus simple et plus sobre, sans doute, que ce qu'il aurait imaginé. Il prit quelques instants pour ce baiser rituel, tenant Jan en appuie contre lui, comme pour lui permettre de se reposer un peu. Elle était belle et fière. Elle serait une épouse dévouée à leurs devoirs et il le savait : elle avait eu la même existence que lui.
Puis les cloches résonnèrent à la volée, l'assemblée applaudissant en un tonnerre. Il redressa la nuque, observant un instant sa femme de ses yeux ambre clair, ses yeux de reptile qui mettait si mal à l'aise mais dont elle n'avait jamais semblé se soucier.
Le prêtre les bénis une ultime fois, les déclarant mari et femme. Et lui, tourné vers les badauds sans vraiment les voir savait que le plus dur resterait à venir. La réception serait une épreuve pour lui, qui détestait les mondanités obligatoires de ses fonctions. Ils refirent l'allée en sens inverse. Du même pas mesuré, mais aux mains jointes suivant la cette coutume étouffante. Sur le parvis, un soleil froid perçait les nuages gris, sans dégager de chaleur, forçant le gouverneur à plisser des yeux, qu'il leva un instant vers le ciel. Déjà, les premiers convives quittaient l'église en calèche pour rejoindre le palais et la réception.
Dans ce rayon de soleil semblait se dessiner le visage de Karth. Il détourna les yeux et invita sa sœur à monter dans sa propre calèche richement ornée et tirée de deux cheveux blancs. Il était trop tard pour les regrets et la tristesse. C'était vain. Illusoire.
Aussi vain que cette union sans amour.
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Dim 7 Oct - 18:26
Parmi la foule Aldo reconnut une élève de Lindorm, Jillah Le Derrien, accompagné de son père et de sa soeur. Le jeune homme leur adressa un sourire courtois et envoya un clin d'oeil à Jillah, innocent, sans arrière pensée. Un peu comme pour s'encourager l'un l'autre à supporter cette épreuve. Mais il se doutait que pour la jeune fille, un mariage devait être tout ce qu'il y a de plus romantique. Romantique... Aldo se demanda ce qu'il pouvait bien y avoir de romantique à se marier avec son propre sang, son frère ou sa soeur. Que pouvait-il y avoir de romantique à faire son devoir, surtout après avoir subit une telle agression ? Mais en jetant un rapide coup d'oeil à son père et son visage fermé et inflexible, il se rappela que les personnes de haut rang ne se marier pas par amour, mais pas intérêt. Il sentit les doigts de sa soeur attraper son bras et le serrer légèrement. Mara semblait aux anges en admirant le couple Nordenheimir. Observant encore le reste de l'assemblée, il vit Ferretti, le prof de combat qui faisait une sale tête. Il avait perdu son sourire et son entrain habituel. Allez savoir pourquoi. Peut-être le fait de savoir ce qu'avait subi sa collègue. Un peu plus devant, le directeur, Mr Fletcher et derrière lui, Miss Garon, la prof de survie. Il la vit d'ailleurs s'avancer, inquiète et attraper le bras de Fletcher en lui glissant des mots à l'oreille, tout en lançant des regards affolés à Miss Wennerström. De quoi pouvaient-ils bien parler ? Il n'eut pas le loisir de pousser plus loin la réflexion, car le couple était parvenu jusqu'à l'autel, et la foule venait d'être invitée par le prêtre à s'asseoir. Il fut tiré par le bras de Mara et s'excécuta. Il grimaça car ses chaussures lui serraient trop les pieds, mais avec ce froid, il n'avait pas trop eut le choix. Il les enlèverait sitôt qu'il le pourrait.
Pendant toute la cérémonie, il ne put détacher son regard de son professeur affaiblie, et de la façon dont elle se tenait, droite, fière, comme si rien ne lui était arrivée. Il admirait son courage. Savoir qu'elle avait été capitaine de l'armée, qu'elle avait combattu pendant près de huit années et qu'elle était toujours en vie, était une chose. Constater que toutes ces choses ne relevaient pas de la légende en était une autre. Il se perdit ainsi dans ses pensées, ses réflexions sur Miss Wennerström, sur le gouverneur lui-même et son charisme évident, sur ce qui les avait mené jusqu'à ce jour étrange et bien d'autres choses.
Puis la cérémonie prit fin. Leurs mains furent liés par un ruban blanc, ils s'embrassèrent comme deux amants maladroits, sûrement peu habitués à ce genre de démonstration en public, et finalement ressortirent de la chapelle sous les sourires et les regards admiratifs des gens présents.
-C'est tellement émouvant... Entendit-il sa soeur murmurer entre son père et lui. Il échangea un sourire avec elle, sans trop savoir ce qu'il ressentait lui-même. Tellement de choses se bousculant dans sa tête. Quand le couple fut sortit, se fut au tour de la foule. Aldo s'adressa à Jillah en passant près d'elle avant de suivre sa famille.
-On se voit plus tard ?Lui demanda-t-il, n'attendant pas spécialement de réponse. Il y aurait probablement un banquet où ils se retrouveraient tous à la suite de cette cérémonie. Puis il emboîta le pas à son père et il fut aveuglé par la clarté des rayons du soleil se reflétant sur la neige au-dehors.
Comme pour accentuer sa propre douleur, la cérémonie s'étirait en longueur, ressemblant à autant de fils tranchants qui le traversaient, en proie à une faim infinie qui transperçaient la chair à vif. C'était tellement douloureux...
Encore plus alors qu'il connaissait la plus parfaite vérité... Jan était amoureuse de lui. Elle n'aimait pas Niels. Elle ne faisait que suivre son foutu devoir, la plaie de sa famille. Elle ne voulait même pas ce qui était en train d'arriver. Et à dire vrai, le Lostreg doutait fortement qu'elle sache réellement ce qu'elle voulait à ce jour. Il n'était pas stupide.
Le traumatisme d'un viol sauvage consécutif à un temps indéfini passé ensevelie sous la neige pouvait entraîner de graves séquelles, aussi bien physiques que mentales. Qui savait ce qui pouvait se passer à présent dans la tête de cette femme si forte et pourtant si fragile ?
Le Lostreg tentait vainement de faire resurgir sa colère contre elle, mais il ne ressentait plus qu'une peine immense, comme si son coeur était pris dans une gangue de glace. Il ne voulait plus de tout ça, il avait trop souffert et souffrait encore le martyre de la voir se sacrifier pour sa famille. Il se serait écouté, Nicola se serait tout simplement levé pour courir vers Jan et l'emmener loin d'ici, dans un endroit inconnu du monde, où ils pourraient vivre heureux sans jamais personne pour les emmerder...
Seulement, ce n'était pas aussi simple...
La guerre faisait déjà rage autour du Territoire, et elle était sur le point de s'infiltrer à l'intérieur, comme la gangrène se répandait sur une blessure nécrosée. Le temps des troubles allait bientôt sonner et c'était bien pour cela que le jeune homme allait devoir faire un choix.
Jan... Ma belle Jan... Mon bel amour... Pour toi, pour le Territoire, je combattrai sans faille... Je ne laisserai pas le mal envahir tes si beaux yeux déjà plein de souffrances...
Même si pour cela... Nous ne pourrons jamais...
Je ne pourrais jamais rester auprès de toi...
Une larme solitaire roula sur sa joue, se perdit dans son cou sans qu'il prenne le soin de l'essuyer. Il était comme vidé, il ne ressentait plus rien. Il ne voyait plus personne. Il était seul, définitivement seul, comme il l'avait toujours été au final.
Nicola lui avait dit qu'il l'attendrait, qu'il serait patient. Et même s'il avait maintenu le contraire à un moment donné à cause de ses émotions trop chaotiques, il le pensait toujours. Même si ça ne devait jamais arriver.
Et il profiterait de la réception pour le lui dire...
Finissant par se lever comme tout le monde, il enfila son manteau noir en laine épaisse avant de sourire tristement en voyant les mariés se diriger vers la sortie. Son regard croisa celui de Jan et se perdit dans les reflets bleutés. Le sien ne cachait plus rien de ce qu'il ressentait encore pour elle. Un amour sincère, profond et infini.
Mais il avait pris sa décision. Être auprès de la personne qu'on aimait, c'était bien, mais tenir le mal éloigné d'elle, c'était encore mieux. Et il n'aurait de repos que lorsque le mal aurait définitivement disparu...
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Lun 8 Oct - 19:00
Alors que le couple passait dans l'allée, il sentit une pression sur son bras et se retourna discrètement. Il entendit Gwen murmurer doucement à son oreille ses inquiétudes. Que pouvait-il bien passer dans la tête de cette femme pour que de telles idées s'ancrent dans son esprit ? A sa décharge, Jan avait effectivement beaucoup changé, la couleur de ses yeux en était la preuve la plus évidente, mais Liam avait son idée sur la question, connaissant les aptitudes de la jeune femme. Il tapota alors doucement la main de Gwen et lui sourit amicalement en lui chuchotant à son tour.
-Chut Gwen, tout va bien. Jan a subit un fort traumatisme. Ce genre de choses changent une personne, au point que ses amis les plus proches peuvent ne pas la reconnaître. Mais je vous assure que c'est elle. Voyons, Gwen, pensez-vous vraiment que le gouverneur ne reconnaitrait pas sa propre soeur ? Hum ?
Il lui tapota une nouvelle fois le dessus de la main pour la rassurer, sans savoir si ses mots avaient servis à quelque chose ou non, puis avait porté son regard sur son ami Nicola avant de se retourner. Ce qu'il vit sur le visage de son ami de longue date lui serra le coeur. Maintenant qu'il savait ce qu'il y avait entre Jan et lui, il comprenait mieux les emportements et le comportement de son professeur de combat de ces derniers temps. Il chercha son regard mais ne le trouva pas et préféra reporter son attention sur la cérémonie qui débutait. Il s'occuperait de Nicola plus tard. Quand il pourrait lui parler seul à seul.
Le sentiment de malaise ressenti pour Nicola ne devait plus le quitter cependant car en voyant le couple ainsi devant le prêtre et l'autel, c'était lui et Sheila qu'il voyait. Si seulement il n'avait pas été si con à l'époque. S'il n'avait pas été si arrogant, si égoïste, Sheila ne serait pas partie à la guerre, elle serait encore en vie et ils seraient mariés à l'heure qu'il est.
La cérémonie s'étalait en longueur alors qu'il se sentait petit à petit oppressé par une foule qu'il ne connaissait pas, dans un lieu tout aussi inconnu, en un instant auquel il ne voulait pas assister. Ses yeux brillaient alors que le couple s'embrassait, leurs mains jointes par ce lien sacré. Mais il se refusa à pleurer. Il n'en avait pas le droit. Pas aujourd'hui. Pas ici.
Il avait tant espéré échappé au fantôme de Sheila, si loin de Brightown, de Waterfield, d'elle...
Il les admira tous deux qui repartaient en sens inverse, ressortaient de la chapelle, suivis par la foule en effervescence, tandis qu'il restait là, tête basse, mains jointes, goûtant à un silence qui l'envahirait bientôt, dans la solitude d'un lieu glacé, le froid s'insinuant dans chaque parcelle de son corps.
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Jeu 11 Oct - 22:11
Liam rassura Gwen, du mois, il y tenta. Resserrant les dents, elle s'enfonça dans son siège et fixait son regard sur la mariée. Sa présence en ces lieux n'était du qu'à la relation de travail qu'elle avait avec Jan, celle-ci n'avait-elle eu jamais de véritable amie? Elle en doutait. Personne ici n'était là pour l'aider, pour la soutenir réellement, pas même le gouverneur, ce demi-frère, qui ne pensait qu'à la préservation des traditions et à effacer les douloureux souvenirs par une mascarade. C'est ainsi que le voyait Gwen à présent. Si c'était réellement Jan qui était là, à l'autel, il n'y avait donc réellement plus aucun espoir de la voir un jour sourire.
On mourrait pour sa nation lorsqu'on était soldat, mais Jan ne l'était plus et peut-être aurait-elle préférée perdre plus qu'une jambe à ce moment-là que l'humiliation présente. Secouant doucement la tête, Gwen ne put regarder le baiser que se donnait le couple nouvellement uni. Son regard se perdu dans la foule et elle vit une tête familière, celle de son collègue Nicola. Il n'avait rien de joyeux en ce moment et doucement, elle vit cette larme unique couler sur la joue du jeune homme. Une expression de surprise la prit, cachant de ses deux mains sa bouche arrondie. Son regard passa de Jan à Nicola et elle comprit à ce moment, peut-être bien après d'autres gens, le lien impossible qui unissait ces deux collègues.
— Non...
Un souffle, une brise, un léger mot qui s'échappe des lèvres de Gwen alors que ses yeux se remplissaient de larme. Son voisin lui passa un mouchoir, pensant à ce que l'émotion d'un mariage peut provoquer. Elle le remercia négativement en sortant son propre mouchoir et essuyant le coin de ses yeux. C'était décidément le jour le plus triste pour cette éternelle romantique cachée dans le coeur de Gwen. Comment n'avait-elle pas vu cette possibilité entre eux? Comme bien des entretiens entre les professeurs et des réunions avaient du sens à présent. La tête penchée, sans regarder le couple qui quittait l'église, Gwen restait songeuse. De toute façon, comment se rendrait compte de ce qui se passait autour d'eux, les mariés ne devaient voir qu'une masse de population aux habits les plus divers possible.
Relevant la tête, alors que de nombreuses personnes suivaient le cortège pour se rendre par la suite au palais pour la réception, Gwen leva la tête et vit le directeur songeur. Il semblait bien loin dans ses pensées, dans un passé trouble dont Gwen ne posait jamais de question. Sa voix parue bien rauque lorsqu'elle s'adressa à lui.
— C'est bien fini, n'est-ce pas?
Il y avait, dans ces mots, bien plus d'intentions que de simplement constater la fin de la cérémonie. Des mots qui avaient un sens que jamais Gwen n'aurait pu découvrir.
+ Date d'inscription : 14/07/2012 + Messages : 1944 + Orbes : 781 + Âge du Personnage : 21 ans + Poste occupé : soldats des Lianes Terrestres + Nom du dragon : Salaun + Type de Dragon : Terre + Le Don légué : la main de Gaïa + Inventaire : -Un pendentif en forme de dragon offert par sa soeur Jillah le Derrien
Ven 12 Oct - 13:32
Jillah sourit lorsqu'Aldo lui adressa un clin d’œil tandis que sa sœur et son père faisaient de même, répondant à ses salutations. Puis la cérémonie débuta dans un silence religieux.
A vrai dire, la jeune femme ne pensait pas tant au mariage lui-même qu'à la santé de son professeur. Elle avait bien remarqué les changements qui s'étaient opérés chez elle, la couleur de ses cheveux, la maigreur de son corps, alors elle se demandait si ce mariage n'arrivait pas trop tôt.
Mais elle gardait ses réflexions pour elle, se contentant de regarder ce qui se passait sous ses yeux, la main dans celle de sa sœur qui la serra doucement au moment où les lèvres des mariés se scellèrent dans un baiser maladroit mais touchant. L'étudiante Terra ne détourna pas les yeux de cette scène, des milliers de questions se bousculant dans sa tête.
"Mademoiselle Wennertröm sera-t-elle heureuse? Son demi-frère l'aime-t-il?" tout cela la laissait quelque peu perplexe et lorsqu'elle tourna un peu la tête pour regarder les expressions des invités, elle aperçut beaucoup de visages graves parmi une foule d'autres visages souriants et joyeux.
Enfin les mariés passèrent à côté d'elle et les changements qui s'étaient opérés chez son professeur d'Histoire-géographie la frappèrent de plein fouet. Elle se mordilla la lèvre et les suivit des yeux, emboîtant le pas à son père et à sa sœur qui se dirigèrent vers la sortie.
Dehors, la luminosité du soleil froid l'obligea à plisser les yeux, elle mit sa main en visière et regarda le jeune couple monter dans la calèche qu'on leur avait apprêtée. Elle sursauta en entendant la voix d'Aldo près d'elle et lui sourit ainsi qu'à sa famille, alors qu'il la dépassait:
-Bien sûr! A plus tard!
Elle soupira doucement et resta plantée là. Aël la tira doucement par le bras:
-Il est temps d'aller à la réception. Viens. Tu retrouveras ton ami plus tard et tu en profiteras pour me le présenter.
La plus jeune rougit légèrement et lui offrit un grand sourire:
-Oui!
Alors qu'elle allait la rejoindre dans la calèche, elle vit le directeur et son professeur principal qui se dirigeaient vers une autre calèche et leur fit un signe de la main, elle les verrait sans doute à la réception et son père serait sûrement heureux de les rencontrer, de même que Monsieur Ferretti qu'elle n'avait pas vu sortir.
Puis, la porte se referma sur elle et la calèche se mit en branle pour se diriger vers le palais où aurait lieu la réception. C'était la première fois que Jillah participait à un évènement de cette envergure et cela la rendait un peu nerveuse. Sa sœur, consciente de l'inquiétude de Jillah, lui prit la main et passa un bras autour de ses épaules:
-ca va bien se passer ne t'en fais pas.
Leur père souriait et ils arrivèrent bientôt à destination. Là, Jillah fut la première à sortir et faillit glisser sur le marche-pied mais heureusement, un domestique lui tendit la main et l'empêcha de s'afficher devant tout le monde. Aël rit doucement et posa ses mains sur les épaules de sa jeune sœur:
-Allez viens, on va bien s'amuser tu vas voir!
La petite famille, guidée par un domestique, rejoignit les autres invités.
Invité
Dim 14 Oct - 0:12
No wedding without tears.
SWANS SING BEFORE THEY DIE AND THEIR SONGS RESOUND THROUGHOUT THE SKY.
L'instant lui sembla long. A priori, il devait être court mais la lenteur du cérémonial et de leurs gestes, pour coller au rituel, avait quelque chose de mortifère. Pourtant Jan n'eut aucune impatience, aucune lassitude; elle tenait son rôle à la perfection, digne et droite malgré tout son bagage émotionnel. Elle se tenait seule face à celui qui était à la fois son demi-frère et son mari. Face à lui, et non contre lui. La Nordenheimir avait l'impression d'avoir été anesthésiée.. ou peut-être tait-ce normal de ne pas ressentir autant de peine qu’elle l'aurait voulu? Elle cherchait à assumer ses choix et responsabilités face à sa culpabilité d'avoir du lâcher la main de Nicola, et ce avant même qu'il ne lui la tende.
Le chemin serait long, sans sa main qui prendrait la sienne. Elle avait encore nombres de terreurs à affronter et savait que ces celles-là, c’était avec le professeur de combat qu'elle aurait voulu les combattre. Mais la vie était ainsi faite que, comme sa famille, elle ne laissait guère de choix. Si les soldats se sacrifient pour leur patrie sur la champ de bataille, Jan se sacrifiait pour son pays dans cette église froide du vent mordant du dehors. Et du dedans, quelque part. Elle posa les mains sur le torse de son mari, à présent lié par les liens sacrés du mariage.
A quoi pensait-il, en cet instant? Voyait-il leur mariage comme un devoir, un fardeau, ou s'en acquittait-il sans rien ressentir? Elle ne savait pas et pariait fort qu'elle ne le saurait pas avant un moment, ou peut-être jamais. Jan le savait; ils étaient mari et femme mais leur inclinaisons se tournaient vers des souvenirs volés: à la mort pour Niels, à la vie pour elle. A Karth et à Nicola. Et leurs amours reposaient dans le cimetière en pensées de ceux qui n'ont jamais vu le jour. Elle regarda sa main d'homme sur la sienne, lui semblant tiède; le ruban de soie blanche symbolisait la pureté de leur lien. Et le baiser scellerait leur union.
Leurs lèvres s'épousèrent en une alliance simple et sans fioritures. Le baiser chaste de deux personnes chastes. Et pourtant, malgré cette distance comblée, elle restait là comme un franchissement invisible; Jan n'avait jamais embrassé quiconque, tout comme Niels. Elle aurait aimé à imaginer ses lèvres capturées pour la première fois par Nicola, l’homme qu'elle aimait. Pourtant rien ne vint; rien d'autre qu'un sentiment glacé, une absence enrobée de douceur. Être là et ailleurs. Être là et dans un endroit protégé; loin de tout les convives. Loin du mariage. Dans un monde où elle était seule; un monde de glace et de gangue. Un monde distant.
Jan se reposa cependant dans cette étreinte plus douce qu'elle ne l'aurait pensé; son frère avait une certaine prévenance. Ses lèvres lui semblèrent chaudes, mais elle n'en était pas sures. Et lorsque Niels s'écarta d'elle, sa sœur ne le regarda pas, la tête baissée dans une gêne née de l'éducation qu'elle avait eu; celle de son frère. Les sentiments sont des choses indésirables. Le prêtre les béni une ultime fois et Jan prit le bras de son mari, refaisant l'allée en sens inverse avec un peu plus de mal qu'à l'arrivée, se sentant de plus en plus faible. Les béquilles même la faisait souffrir dans l'appui qu'elle devait donner. Mais il fallait donner le change et tenir bon.
L'assemblée se leva pour les suivre jusqu'au parvis, dans la blancheur immaculée d'un soleil froid éblouissant la glace. Tandis que la mine absente elle se concentrait sur ses mouvements, son regard clair croisa celui, plus sombre, d'un homme au sourire triste, et à l'amour infini. Un amour qu'il avait pour elle; aussi fort qu'un amour qu'elle avait pour lui. Jan avait fléchi le pas, comme si elle mimait une légère faiblesse; en réalité, elle trainait pour voir Nicola. Pour le voir encore un peu. Cet instant lui sembla plus intense et le plus important de sa vie. Ses yeux semblèrent chargé d'une humidité avortée; Jan ne pleurait pas. Elle ne voulait pas montrer de larme à Nicola. Il ne devait pas la voir triste.
Et pourtant. Jan eut le cœur gros; et pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, depuis bien plus de quinze ans, la Nordenheimir lui sourit. D'un sourire triste; de belles lèvres bleuies par le froid, des lèvres qui ne savaient pas réellement sourire. Ce n’était pas du bonheur; ce n'était pas une excuse. C'était un sourire de larme: de profonds pleurs sans larme. Pas excuse: il n'y avait rien à justifier ou pardonner. Il n'était ni un étranger, ni un fantôme; Elle aimait, simplement, et l'aimerait.
Sur le parvis froid, le bouquet d'Edelweiss fut jeté dans les airs, derrière elle. Comme il li semblait lourd; comme un fardeau. Il vola sans bruit et atterrit dans les mains de la jeune Jillah le Derrien, ses pétales laineux devenant sa douceur à elle. Jan monta dans la calèche avec son époux en direction du palais du Gouverneur, où aurait lieu la réception; le lieu de leur enfance. De leur éducation. Le voyage fut silencieux, et Jan sembla regarder devant elle un point imaginaire qui n'existait que dans son esprit, où elle visualisait le sourire triste de Nicola, les yeux bien ouverts.
Les larmes coulèrent toutes seules, dans un parfait silence et sans crier gare; quand elle s'en rendit compte, la jeune femme posa doucement ses mains sur son visage pour se cacher, et se concentra du mieux qu'elle put pour tuer sa tristesse: elle ne voulait pas se montrer faible devant Niels. Elle pleura encore quelques instants solitaires, sans même un déshonorant sanglot. Dignement, un peu froidement.
"Excusez-moi", fut la seule chose qu’elle dit à Niels dans la calèche, tandis que cette dernière se stoppa.
Les convives et le couples arrièrent finalement dans la grande salle de bal où brulaient plusieurs âtres diffusant une chaleur bienfaisante. Quelques domestiques avaient débarrassé Jan de son encombrant manteau, la laissant en robe épaisse d'un blanc immaculé, au col et bout des manches en fourrure avec une petite capeline qui couvrait ses épaules. Débarrassant Niels en même temps que les convives, Jan demanda à être installée dans son fauteuil, faiblissant sur ses béquille. Elle s'excusa de cette faiblesse auprès de son époux et refusa poliment nourriture comme boisson, posant ses mains croisées sur ses genoux, la tête un peu baissée.
Le bouquet s’envolait pour atterrir dans les mains d'une jeune fille qu'il ne connaissait pas. Une jolie jeune fille pour un joli bouquet. Un instant Niels pria, au fond de lui-même pour que ces fleurs là n'amènent pas de larmes et soient le gage d'une douceur à venir. D'un heureux jour qu'il ne connaitrait pas. Que Jan ne connaîtrait pas. Il pria pour cette inconnue, cette jeune fille qui pourrait peut-être un jour épouser quelqu'un par amour et non par devoir.
Car cette femme à son bras, ce ne fut pas à lui qu'elle sourit en sortant de l'église. De ce sourire doux comme un rayon de soleil sur la neige qui courbaient ces fines lèvres en une moue délicate. Il n'était pas pour lui, ce sourire. Car il répondait aux larmes d'un autre. Il reconnu le professeur de l'académie qui l'avait aidé alors que Jan était mourante.
Mais Niels ne dit pas un mot, gardant la tête droite, ses yeux fixés sur la calèche pour se donner une raison d'avancer. Malgré le regard d'Esbern qu'il ne comprenait pas, et le sourire de son épouse. Ce sourire triste qui lui arracha le cœur. Parce qu'elle l'épousait, comme lui, pour des raisons politiques. Parce qu'il se rendait compte d'une évidence : Jan aimait. Et l'objet de cet amour, ce n'était pas lui, celui qui l'avait mené à l'autel, celui qui lui avait offert un champ de fleurs pour la dérider. Pour lui redonner espoir dans la tourmente.
Il ne fléchit pas. Ne baissa pas la tête. Il continua d'avancer et s'installa à ses côtés, regardant simplement le paysage défiler. Même durant ce court moment d'intimité, il ne dit rien. Il ne coupa pas sa tristesse par des propos vains, enfermant depuis toujours, à double tour, ses pensées, ses sentiments et ses souhaits. Que n'aurait-il donné pour la consoler, cette mariée qui portait le blanc comme on porte le deuil... Mais il n'avait jamais su le faire. Il se contenta d'incliner la tête à ses excuses. Et il dit doucement, d'un ton plus doux qu'à son habitude : "Je vous en prie."
Des mots bien creux, aussi lisses et policés que lui. Des mots qui voulaient tout et rien dire. Il ne prit pas sa main, ne la toucha même pas. Il se contenta de rester à côté d'elle. Sans faillir. Sans céder à sa propre peine. Parce qu'elle était sa sœur avant d'être son épouse. Il n'était pas en colère. Il n'était pas outré. Il avait fermé son cœur, aussi simplement que l'on referme une porte. Karth aurait sourit, certainement, et cela aurait été pour lui. Pour lui seul, au fond de son cœur... Le sourire de Karth qui éclairait l'obscurité et dissipait les ténèbres en lui donnant la force d'avancer, la tête haute, aidant sa femme à descendre de la calèche, rentrant au palais, là où se déroulait la réception.
Confiant ses effets à ses domestiques, il resta en simple costume immaculé dans la chaleur confortable qui offrait un contraste saisissant avec le froid extérieur. Les invités discutaient déjà, certains rôdant près des buffets dressés, d'autre attrapant au vol une coupe de champagne auprès des serveurs qui sillonnaient la salle.
Les mondanités commençaient. Jan, à présent assise dans son fauteuil semblait plus fragile, plus vulnérable encore. Ce fut tout naturellement qu'il se dirigea vers la petite tribune afin de faire son discours traditionnel, montant pour elle à un autre genre de front que celui qu'elle avait connu. Comme pour lui laisser le temps de se reprendre.
"Chers amis, je vous remercie de votre présence ce jour à nos noces et tient à vous souhaiter à mon tour mes vœux. Des vœux de bonheur en ces temps troubles. Car rien ne saurait justifier de se laisser aller au défaitisme et à la peine. Soyons au contraire plus proches et plus soudés que jamais, afin de faire front commun dans les jours les plus gris de notre histoire." Le gouverneur embrassa la salle d'un geste ample de la main, ses yeux clairs contemplant l'assemblée, droit et digne, en homme dressé depuis enfant à ces jeux de pouvoir. "Mais en ce jour, sourions, comme la promesse d'une éclaircie après les ténèbres. Car il y aura la douleur. Car il y aura la peine. Mais le soleil se lèvera et, ensemble, nous écrirons l'avenir. Alors que ce jour vous soit doux, autant qu'il l'est pour mon épouse et moi. Nous vous invitons à présent à profiter des festivités. Je vous remercie."
S'inclinant légèrement Niels descendit de la tribune alors que l'orchestre jouait ses premières notes, lançant un simple regard à Jan. Comprendrait-elle... ? Puis, silencieusement, il se prépara pour ce balais infini de ronds de jambes qu'il exécrait.
Invité
Dim 14 Oct - 19:07
-Qui est-ce ? Demanda Mara, un sourire malicieux aux lèvres, alors qu'Aldo venait d'échanger quelques mots avec Jillah. Aldo soupira en roulant des yeux, mais se tourna finalement vers sa soeur, au sourire malicieux.
-Une camarade de Lindorm, Jillah le Derrien. Son père travaille avec le gouverneur de Keven.Répondit calmement le jeune homme, tandis qu'ils rejoignaient la foule à la sortie de l'église pour le traditionnel lancer de bouquet. Mara continua cependant, toujours aussi malicieuse, peu sérieuse pour le moment, pour un futur gouverneur.
-Elle a un dragon ? Il est grand ? C'est quoi comme dragon ?
-Bien sûr qu'elle a un dragon. Un dragon de terre. Tu veux bien te calmer, s'il te plait ? Tu vas finir par faire honte à père.Coupa-t-il, un peu tranchant. C'est vrai quoi. C'était quoi ces manières ? Mara lui sourit encore, puis ils reportèrent leur attention sur la mariée qui leur tournait le dos et lança le bouquet. Ce dernier atterrit justement dans les mains de Jillah, ce qui eut pour effet de faire sourire Aldo. Mara fixa son frère, ce sourire toujours malicieux aux lèvres. Aldo lui pinça les côtes et lui tira doucement une mèche de cheveux, en souriant lui aussi, comme pour lui dire gentiment "ça suffit maintenant". Mara lui lança un clin d'oeil, puis suivit leur père qui se dirigeait, avec les autres, vers la salle de réception où on les guidait pour le banquet. Aldo suivit le mouvement en observant un instant ses chaussures. Oserait-il se mettre pieds nus une fois arrivé dans la salle ? Peut-être pas. En tout cas, pas au début. Son père l'avait assez sermonné à ce sujet. Mais il n'y pouvait rien, lui, s'il ne supportait pas d'avoir les pieds serrés !
Arrivés sur place, ils furent enveloppés par la chaleur agréable du lieu et on les débarrassa de leur manteau. Aldo et Mara se dirigèrent vers le banquet, tandis que le gouverneur d'Aeria se rendit directement vers un groupe de personnes qu'il connaissait apparemment. Le frère et la soeur écoutèrent le discours du Gouverneur de Nordheim, sans vraiment se douter de ce que cela pouvait cacher. Mara tenait le bras de son frère, le seul qui lui restait, et qu'elle chérissait plus que tout, mais qu'elle ne voyait que trop peu durant l'année scolaire. Aldo était heureux de pouvoir passer un peu de temps également avec sa soeur, alors, il se laissa faire.
Le discours du gouverneur terminé, le Ventus tourna la tête et vit son père leur faire signe d'approcher. Poussant doucement Mara, ils se dirigèrent tous deux vers le petit groupe et leur père leur présenta le gouverneur de Lostrego et son épouse, les Harfang. Aldo faillit s'étouffer en comprenant qu'ils étaient les parents de Candel, son pire ennemi à Lindorm. Il savait pourtant qu'il était un des fils des gouverneurs de Lostrego, mais en réalité, ce qui le frappait, c'était la différence de physique et d'attitude avec le Fulgere. Après un salut poli et quelques échanges de banalités, Aldo observa mieux le couple. Ils étaient aimables, agréables même, disant être heureux de le rencontrer quand Candel leur avait tant parlé de lui. Ils respiraient tous deux la santé quand Candel paraissait en permanence maladif. Ils souriaient et étaient réellement charmants, alors que Candel ne semblait jamais rien ressentir pour personne et se fichait royalement des autres.
Finalement, il s'excusa auprès des adultes et de Mara, et préféra aller voir un visage familier. Il s'approcha de Jillah et sa famille, et s'excusant pour le dérangement, discuta avec son amie.
-Félicitation pour le bouquet. On dit que ça porte bonheur. J'espère que tu trouveras quelqu'un de bien pour un jour... enfin tu sais... enfin bref. Ça fait bizarre d'être ailleurs qu'à Lindorm pour une fois, en-dehors de la famille, tu ne trouves pas ?
Son sourire lui brisait le coeur... Purement et simplement...
Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés, Jan lui souriait enfin. Mais ce n'était pas ce sourire-là qu'il avait tant attendu. Nicola aurait tellement voulu éveiller un véritable sourire, un sourire heureux qui n'attendait rien en retour, un sourire de bonheur sur les lèvres de la femme qu'il aime...
Mais cela ne pourrait plus être... Elle était maintenant mariée à un autre. Il l'avait perdue à jamais...
Alors à jamais, il resterait seul.
Le Lostreg ne pouvait plus envisager ne serait-ce qu'une seconde de s'engager avec une autre femme. La flamme de son amour pour Jan brûlait de plus belle alors qu'il aurait tellement voulu qu'elle perde de son éclat. Et c'était bien pour cela qu'il allait devenir son champion, qu'il serait son bouclier contre le mal qui commençait à ronger le Territoire. Il allait empêcher les Wyrms de l'atteindre et serait ravi de mourir pour elle.
Mais en attendant, il allait devoir endurer ce cauchemar éveillé encore un peu. La réception commença par le discours du Gouverneur, très distingué comme il se devait. Nicola applaudit comme les autres, mais le coeur n'y était pas. Il n'avait plus le coeur à rien. Une envie de fuir ce simulacre de mariage lui fit serrer férocement les dents mais il se retint pour ne pas créer d'esclandre.
Se dirigeant vers le bar après que les gens se soient dispersés, il demanda un rhum bien serré. Il allait lui en falloir pour pouvoir résister à l'envie de foncer sur Jan pour lui parler tout de suite. Il avait tant de choses à lui dire avant qu'ils ne se séparent pour de bon...
Avalant d'un trait son verre, la chaleur de feu du liquide se répandit rapidement dans son corps, comme un faux sentiment de consolation. Le rhum lui donnait assez de force pour se décider à aller la voir. Elle était bien entourée mais lui s'en fichait. Approchant de la table d'honneur, Nicola s'inclina avec un sourire toujours triste mais néanmoins plus maîtrisé. Il n'allait tout de même pas se ridiculiser devant tout le monde.
- Monsieur le Gouverneur, Madame. Félicitations pour votre mariage. La cérémonie fut grandiose.
Il ne put en dire plus alors que sa gorge se serrait subitement. Cela faisait si longtemps qu'il ne s'était pas approché de Jan à ce point. Lui prenant la main dans un geste poli, il embrassa sa peau glacée pas plus longtemps que ce que prônait la bienséance. La relâchant d'un geste doux, le Lostreg finit par sourire et s'éloigner.
Il avait laissé un petit papier dans la main de Jan.
Citation :
Retrouve-moi sur le balcon dans deux heures. J'ai quelque chose à te dire.
Cela n'aurait pas été convenable qu'il lui demande tout de go de la rejoindre maintenant. Elle avait un devoir de présence à accomplir et cela aurait été aussi un camouflet à la face de son mari et créé un scandale sans précédent. Personne n'avait besoin de ça.
Et puis si jamais elle ne répondait pas affirmativement à sa demande, il aurait l'infime satisfaction de s'être dit qu'il avait fait tout ce qu'il avait pu. Enfin, ce n'était pas vraiment une satisfaction, même pas une consolation... Retournant vers le bar, il demanda un nouveau verre de rhum. Le tout serait d'arriver à se maîtriser et de ne pas sombrer dans l'alcool avant que le rendez-vous ne soit passé...
Invité
Mar 16 Oct - 20:28
Resté seul dans la chapelle, Liam n'assista pas à l'échange entre Jan et Nicola. Ni au lancer de bouquet. Ni à toutes les autres choses avant que le cortège ne se rende au banquet. Les yeux fixés sur l'autel, il pensait qu'il était seul, mais en réalité, à peine le silence retombé dans le lieu sacré, qu'un murmure se fit entendre derrière lui. Immobile, il ne se retourna pas pour répondre à Gwen. C'était fini oui. Mais de quoi parlait-elle exactement ? La cérémonie ? Les illusions ? Sheila ?
Sheila, Sheila... pourquoi toujours Sheila ?
Il respira profondément, évitant à une colère sourde de s'exprimer. Après tout, ce n'était ni le lieu, ni le moment, ni la bonne personne. Il hocha simplement la tête pour répondre à Gwen. Puis il entendit ses talons claquer sur la pierre en direction de la sortie. Le regard toujours fixé sur l'autel immaculé devant lui, il se leva et s'approcha de la table en pierre. Hésitant, il posa une main sur le revêtement froid et leva le regard vers le ciel, le plafond, plus exactement, comme à la recherche d'une réponse. Une larme silencieuse roula sur sa joue, quand il fit ses adieux à la jeune femme qu'il avait connu dans ses jeunes années. Il fallait qu'il aille de l'avant, qu'il passe à autre chose. Elle était morte, il était en vie. C'était aussi simple que cela. Oui, il l'avait aimé du plus profond de son être, mais il n'avait pas mérité l'amour qu'elle lui avait porté alors. Par conséquent, il n'avait pas le droit de la retenir et de s'empêcher de vivre. Elle avait droit au repos éternel. Et il avait le droit de vivre sa vie et aimer quelqu'un à nouveau, parce que l'homme qu'il était devenu n'était plus l'adolescent qu'il avait été...
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... le froid glacial du dehors le frappa en plein visage quand il sortit de la chapelle et il resserra les pans de son manteau épais autour de son cou des deux mains en se dirigeant d'un pas précipité vers la salle de réception, guidé par les domestiques présents. Grelottant encore en pénétrant dans la salle bondée, il se défit de son manteau et se dirigea sans hésiter vers le bar, se chercher un remontant, toute trace de larme effacée de son visage, mais les yeux tout de même légèrement rougis. Il commanda un rhum et se retourna pour écouter le discours ô combien énigmatique du gouverneur, tout en jetant un oeil à Jan de retour dans son fauteuil, apparemment affaiblie, puis à Nicola qui s'approcha finalement de la table d'honneur. Pendant un instant, le directeur de Lindorm se crispa, retenant son bras qui portait son verre à la bouche, puis but plus décontracté quand il vit Nicola se comporter en parfait invité, et pas le crétin qu'il pouvait être parfois. Il se retourna finalement pour s'accouder au bar et ne plus voir les gouverneurs et leurs familles réunies et les visages plein d'hypocrisie sur tous les visages ou presque alors que la douleur était là, bien présente ou la peur ou la colère. Tout ça mélangé.
Liam leva une nouvelle fois le coude pour vider d'une traite son premier verre et tapota du doigts pour en commander un deuxième. La soirée ne faisait que commencer...
Invité
Jeu 18 Oct - 16:52
Il y a ceux qui ne connaissaient presque pas encore l'amour, ceux qui avaient aimé, mais dont leur amour était perdu par la mort, ceux qui devaient cacher leur amour...
Et Gwen.
Celle qui n'a jamais aimé et qui ne vivait que dans la connaissance, dans les livres. Un lourd prix à payer, mais était-il aussi lourd que celui des autres? Ressentant en elle les émotions confuses, elle revivrait inlassablement les échanges non verbaux de ceux présents et dont elle connaissait à présent le secret inavoué ou peut-être l'était-il, mais qu'elle n'avait jamais réalisé cette relation entre eux. Laissant Liam dans la chapelle, ressentant son besoin d'être seul, Gwen s'emmitoufla dans son manteau et c'est au grand air froid qu'elle s'arrêtât un instant. Levant les yeux, elle regardait l'immensité bleu et blanche. Des flocons tourbillonnaient dans le froid polaire et venait percuté la peau rougit par le froid, comme des lames de rasoir qui giflait les joues. Le vent glaçait les yeux, mais Gwen ne pouvait se résoudre à suivre les autres vers la chaleur du palais.
Valait-il mieux aimé et perdre son amour ou de n'aimer jamais?
Qui pourrait seulement répondre à cette question? Son soupir forma une épaisse fumée blanche, des gouttelettes de condensation d'eau s'aggripèrent rapidement dans son épais foulard de laine. Entrainée par un des gardes à ne pas rester ainsi au froid, surement avait-il reconnu qu'elle n'était pas du coin, par son manteau d'un vert forêt contrastant avec les teintes blanches de ce pays.
***
Gwen n'avait pas de cavalier avec qui danser durant la veillée et elle n'était pas particulièrement compétente dans ce domaine non plus. En dehors de ses élèves présents en tant que fils et fille de gouverneurs, il y avait ses deux collègues masculins qui buvaient ensemble en solitude, ironie du sort, et Jan. En l'observant bien, Gwen retrouva finalement cette jeune femme qu'elle connaissait, malgré les épreuves qu'elle avait passées. Plusieurs personnes étaient passées rendre « hommage » au couple et Gwen hésitait encore à s'approcher. Prenant une grande respiration alors que les étaient maintenant autour du buffet ou sur la piste de danse, Gwen s'approcha délicatement, marchant tout de même avec grâce dans sa robe simpliste. Elle sortit de l'intérieur de sa manche, visiblement dans une pochette cachée, un petit sac de soie qu'elle offrit à Jan.
— Il est coutume, dans ma région, d'offrir du muguet à la nouvelle mariée afin de favorisée la chance, la fortune et la famille... Comme cette fleur n'est pas présente dans votre pays, j'ai arrangé à ma façon cette coutume...
Dans le sac de soie, une petite broche délicate représentait en dentelle fine la fleur de glace, l'Edelweiss. Gwen avait fouillé dans tous les livres d'herboristerie de l'académie pour reproduire de ses mains la fleur de ce pays. Elle n'avait jamais vraiment été très proche de Jan, mais elle l'appréciait beaucoup. Gwen était l'une des rares personnes à qui Jan ne criait jamais, peu importe son émotion. Hésitante entre rester et partir, Gwen attendit un peu bêtement d'être congédiée par le couple ou de rester auprès de Jan.
+ Date d'inscription : 14/07/2012 + Messages : 1944 + Orbes : 781 + Âge du Personnage : 21 ans + Poste occupé : soldats des Lianes Terrestres + Nom du dragon : Salaun + Type de Dragon : Terre + Le Don légué : la main de Gaïa + Inventaire : -Un pendentif en forme de dragon offert par sa soeur Jillah le Derrien
Ven 19 Oct - 11:48
Dehors, il faisait un froid glacial, le soleil lumineux ne parvenait pas à réchauffer l'atmosphère dans cet univers blanc et bleu. Après la cérémonie, Jillah suivit le mouvement et sortit pour se tenir sur le parvis, admirant les mariés, et surtout, le courage de son professeur d'Histoire-Géographie qu'elle n'appellerait plus "Mademoiselle Wennerström", mais "Madame" à présent. Cela aurait pu lui paraître étrange, mais non, la jeune fille savait que cela se faisait dans certaines familles de gouverneurs. Pour la pureté du sang, même si cela la laissait quelque peu dubitative.
La jeune kevii applaudit donc avec tout le monde et attendit le jeté du bouquet avec curiosité, ne s'attendant absolument pas à ce que celui-ci atterrisse entre ses mains, ça n'arrivait jamais. Elle écarquilla les yeux et admira le magnifique bouquet qu'elle tenait, surprise de l'avoir reçu, elle leva les yeux et rougit un peu lorsqu'elle vit plusieurs regards tournés vers elle. Aël l'embrassa sur la joue et lui fit un clin d’œil qui lui permit de se détendre un peu, puis, elle osa regarder la mariée qui se dirigeait déjà vers la calèche.
Son père lui tapota un peu l'épaule et l'embrassa sur le front:
-J'espère que tu feras un beau mariage ma chérie.
Jillah sourit, les joues bien roses et enfouit son nez dans le bouquet d'edelweiss. Ces fleurs étaient splendides, pas question qu'elles s'abîment. La petite famille grimpa dans la calèche qui leur était attribuée, et rejoignit la réception.
Là, la jeune fille confia son bouquet à sa sœur qui demanda à un domestique de le monter dans la chambre de Jillah et de le mettre dans un vase, bien entendu. Puis, les deux jeunes filles se rendirent là où tout le monde se trouvait déjà.
Leur père leur fit signe d'approcher et elles écoutèrent sagement le discours du marié, applaudissant poliment tandis que la nouvelle évocation d'une menace secouait un peu la plus jeune. Aël posa une main douce et rassurante sur son épaule et la foule se dispersa pour profiter des festivités tandis que des hôtes se dirigeaient déjà vers le gouverneur pour le saluer.
Son père les laissa aller librement tandis qu'il se dirigeait lui-même vers le bar pour boire un coup, il n'était pas du genre à courir après le protocole, bien qu'il le respecte, il irait saluer les mariés plus tard. C'était un guerrier dans l'âme après tout et c'était comme ça que le gouverneur de Keven l'appréciait.
Jillah sourit en lui faisant un petit signe avant de prendre un verre de champagne, c'était jour de fête, elle avait le droit. Son ainée la surveillait en souriant et prit des petits fours avant de donner un petit coup de coude à sa cadette qui manqua renverser son champagne sous la surprise. C'est alors qu'elle aperçut Aldo qui se dirigeait vers elles. Heureuse de la voir, un sourire naquit naturellement sur ses lèvres alors que ses joues se teintaient d'un léger rose qui ressortait sur sa peau pâle.
Elle avait retiré sa cape, la douce chaleur qui régnait dans la pièce lui faisait du bien. La cicatrice sur son épaule gauche ressortait d'autant plus sur sa peau devenue blanche à cause du soleil froid mais la chaleur aura tôt fait de lui rendre des couleurs. De toute manière, elle arborait cette cicatrice avec fierté, car il était le souvenir du lien qui s'était créé avec Salaun, de leur victoire à tous les deux lors du dernier jour de l'épreuve d'alliance.
Alors si elle paraissait quelque peu nerveuse, c'était surtout parce qu'elle avait du mal avec la foule. La rougeur de ses joues s'accentua lorsqu'il la félicita en lui souhaitant de trouver quelqu'un de bien:
-Merci beaucoup...
Elle rit doucement devant son embarras et acquiesça à ses dires:
-Oui, ça fait bizarre de les voir hors de l'Académie...c'est là qu'on se rend compte qu'ils sont comme tout le monde...
Oui bon, c'était un peu bête comme réflexion mais ce n'était pas grave. Elle le dévorait des yeux, si bien que sa sœur dû lui remettre un petit coup de coude dans le bras pour la sortir de sa contemplation, lui rappelant ainsi sa présence:
-Ah euh oui, Aldo, je te présente ma sœur Aël, Aël voici Aldo, un camarade de Lindorm, il est en cinquième année.
La jeune femme tendit donc la main au jeune homme comme il convenait, un grand sourire aux lèvres et les yeux pétillants de malice:
-Enchantée Aldo. J'espère que ma sœur ne martyrise pas trop ses camarades et n'en a pas encore envoyé à l'infirmerie...
Elle faisait bien sûr référence à sa maladresse habituelle. Jillah piqua un fard et la fusilla du regard en se renfrognant, alors que son aînée se mettait à rire doucement, se moquant gentiment d'elle.
Mais les deux sœurs s'entendaient toujours à merveille, elles n'avaient, après tout, que quatre ans de différence et elles avaient toujours été très liées.
Pour la peine, Jillah but un peu de champagne et tendit la main alors qu'un plateau de petits fours passait à sa portée, les bulles lui étant quelque peu montées à la tête, elle faillit renverser le plateau que le domestique rattrapa de justesse. Confuse, elle bafouilla des excuses et baissa les yeux, c'était vraiment la honte et la soirée ne faisait que commencer. Aël, elle, se retenait difficilement de rire. Alors, pour faire oublier ce petit incident, Jillah se tourna vers Aldo:
-Alors, tu es venu avec ta sœur et ton père.
Elle les avait repéré à l'église et trouvait Mara très jolie, elle ressemblait à une vraie princesse et puis elle ressemblait surtout à son frère.
Invité
Mer 7 Nov - 11:49
No wedding without tears.
SWANS SING BEFORE THEY DIE AND THEIR SONGS RESOUND THROUGHOUT THE SKY.
Elle demeurait là, simplement; assise dans sa chaise roulante dans sa grande robe blanche, semblable à une poupée de porcelaine au regard clair et vide, la tête baissée et les mains jointes sur les cuisses. Jan se sentait mal à l'aise, comme si ce mariage n'était pas le sien. Ce n'était pas un cauchemar, loin de là: Niels ferait un excellent mari et l'avoir au creux d'elle pour quelques nuits l'angoissait, certes, mais elle savait que cela serait rare: il ne l'aimait pas, et elle ne l'aimait pas non plus. Relevant la tête, elle ressentit d'horribles pulsions de mort qui ne lui appartenaient pas: elle partageait l'ombre des sentiments presque toujours négatifs de Nihdögg.
Plus de guerre, plus de sang; il ne pouvait le supporter. Le grand dragon était venu communiquer télépathiquement avec Jan pour lui exiger qu'elle se laisse mourir, au plus fort de la fièvre. Qu'elle ne remonte pas la pente, qu'elle se laisse aller. Qu'elle le libère pour qu’il trouve un autre dragonnier et retourne au but de sa vie: la bataille. Il lui avait proposé cela; et Jan n'avait pu accepter: son devoir était avant tout de donner un héritier à Niels. Nihdögg avait du se résoudre à cette idée et depuis, ils ne se parlaient plus: le Grand Ver était retourné au chevet d’Yggdrasil, broyer du noir. Elle avait demandé son pardon et lui, bien étrangement, 'lavait accepté.
Aucun des deux n'avait de raison spécifique de continuer comme cela; alors ils avaient convenu ensembles de quelque chose. Leur premier et dernier plan ensembles. Car si la guerre ne peut plus être menée, si l'amour ne peut être trouvé, si l'on doit vivre avec cette blessure faite à son corps, à son sexe, alors la vie ne vaut la peine d'être vécu. Nihdögg avait vécu bien des siècles, mais le traumatisme de Jan l'affectait; elle, de son côté, était affecté par le moral au plus bas du dragon: chacun s'empoisonnait, s'intoxiquait du désespoir de l'autre dans un dangereuse lien mental qu'on vous apprend à modérer à l'académie, et dans lequel, à présent, ils commençaient à sombrer sans remord.
Alors ils se donneraient la mort; mais pas avant que Jan n'ait donné la vie.
Pauvre fantôme étrange et blême, Jan serrait des mains, acceptait quelques remerciements et félicitations creuses. Cela ne l'intéressait pas. Elle releva la tête pour voir Niels monter sur la tribune et se livrer à la foule comme un sacrifice rituel et social; elle l'admirait d'être aussi fort et impassible, même s’il avait apprit cela depuis tout petit. De la peine et de la douleur, il y en aurait; il y en avait toujours eu; elle le regarda depuis sa place, sans bouger, sans sourire. Elle regardait simplement ce frère devenu un mari, cet homme qu'elle ne connaissait pas mais qu'elle estimait invariablement.
Un instant, elle eut peur de lui faire honte.
Alors que ce jour vous soit doux, autant qu'il l'est pour mon épouse et moi. Il ne l'était pas, pour aucun des deux, et Jan le savait; elle était lucide sur les sentiments de son frère, même s'il ne les montrait pas: ce mariage était un arrangement. Elle aurait aimé être amoureuse de Niels: elle lui aurait donné des enfants avec bonheur, et aurait apprécié chaque instant de sa compagnie. Au lieu de ça, celui qu'elle aimait ne sera jamais avec elle. Au lieu de cela, elle ferait une épouse bien fade pour le gouverneur, loin de la douceur de Karth, sa promise. Niels redescendit de la tribune et lui offrit un sourire qu'elle comprit immédiatement. Ce discours était aussi pour elle: il ne faudrait pas qu'elle meurt en se déchargeant de tout avec Nidhögg, mais qu'elle ait le courage de continuer à vivre pour son pays, pour son mari, pour ceux qui l'appréciaient.
Nous restons en vie les uns pour les autres, surement.
Jan ne savait pas très bien où elle en était sur ce sujet là. L'orchestre joua les premières notes et elle ne les entendit pas, perdue dans ses pensées avec un air stoïque. Niels revint à elle au même moment qu'elle aperçut la silhouette de Nicola venir dans leur direction. Jan ne put retenir un lourd soupir et lentement autour d'elle l'air se modifia, devenant sensiblement plus froid dans un réflexe quelle ne contrôlait pas encore assez bien. Froid, qu'il est froid ce ton qu'il emploie, mais elle le comprend. Il pose ses lèvres sur une main glacial, si froide qu'elle en accroche un peu les lèvres sur la peau comme un morceau de glace, frêle comme si elle allait se briser dans la main de Nicola.
Je t'aime, Nicola, je t'aime. Sans toi... Il me reste ce devoir, celui-la même qui m'a séparé de toi.
Un silence grelottait en elle, et elle se contentait d'hocher de la tête, dodelinante, presque absente et le laissa s’éloigner et sourire; elle-même ne sourit pas: elle avait soudain l'horrible allure d'une poupée cassée bien mise sur son siège, prête à fermer les yeux si on la couchait. La température baissa d'un coup comme si l'on avait été au dehors, sans que Jan n'exprime absolument rien, et tout revint à la normale en quelques secondes. Elle serrait simplement du plus fort qu’elle put, comme si elle avait chercher à lui faire mal, le petit papier qu'il lui avait laissé. Rien qu'un petit mot. Cela lui fit si mal, et elle se tourna vers son mari avec un air d'excuse, mais sans rien lui dire. Il n'y avait rien à dire.
Ce fut alors au tour de Gwen de lui offrir ses félicitations et la voyant hésiter, Jan s'installa plus confortablement dans sa chaise roulante, fermant un instant les yeux pour reposer sa vision. Gwen était une femme comme on en faisait peu, malgré son tempérament pour le moins lunatique et détaché. Elle venait ainsi, belle dans sa robe simplissime, avec une grâce d'une humilité admirable. Elle sauraient pu devenir amies. Mais Jan n'avait jamais voulu; dans les relations, les chemins sont multiples et tout est question de choix. Jan n'avait jamais roulé sur aucun de ces chemins. Comme elle discutait parfois longuement avec elle, comme elle prenait parfois le thé avec Valenta. Elle n'avait pas d'amis car elle n'en voulait pas. Parce que cela ne faisait que vous affaiblir et qu'elle se sentait déjà une femme faible et vaine.
Il lui avait fallut l’épreuve du "c'est chacun pour soi" pour se rendre compte qu'elle était seule. Pour se rendre compte qu'elle n'en pouvait plus d'être livrée à elle-même. Il lui avait fallu la peur de la mort pour se rendre compte qu'elle n'avait absolument rien, rien d'autre que son orgueil et son métier. Alors elle sourit vaguement, fatiguée, avec une indulgence qu'elle ne se connaissait pas à Gwen, lorsque cette dernière lui offrit un petit sac de soie dont elle tira une broche faite main en forme d'Edelweiss.
Jan l'écouta d'une oreille distraite, la tête baissée sur l'ouvrage, ses doigts engourdi et tout bleus touchant distraitement la dentelle fine. Elle releva la tête parce qu'il le fallait, et lui offrit un sourire gêné, un peu penaud. Un sourire triste qui hésitait entre trop de sentiments, et qui ne lui ressemblait guère.
"L’Edelweiss est ma fleur préférée. Merci Gwen", dit-elle d'une voix tremblante.
Maladroitement parce que ses mains lui obéissaient encore à moitié, Jan accrocha la broche à sa robe, près de son cœur. Elle retint une larme, les yeux humides de l'émotion que lui offrit ce simple cadeau, et la gentillesse de Gwen à son égard, elle qui l'avait toujours refusé dans son entourage.
"Je vous ai toujours impunément ignoré, n'est-ce pas?", fit finalement Jan, triste, "je suis désolée. Devenons amies, voulez-vous?"
Elle eut un simple sourire, qui exprimait tout et rien à la fois, en regardant Gwen avec un air de reconnaissance rare chez une femme qui s'était toujours montré froide et cassante, inaccessible. Jan serrait toujours le bout de papier de Nicola dans son poing, refusant de le lâcher ou de le ranger. Elle ne savait pas ce qu'il contenait, mais il était la chose la plus précieuse qu'elle avait, pour l'instant. Ce soir, elle avait de la peine, mais ne devait pas la montrer. C’était aussi le mariage de Niels et elle avait peur de le décevoir ou le mettre mal à l'aise. Alors elle fit tout ces efforts vains qui ne mènerait qu'à une illusion de plus.
Elle n'avait jamais eu d'ami. Elle ne savait pas ce que c'était.
-On doit s'approcher... de beaucoup, Jade ? Demanda une voix masculine, hésitante.
La dénommée Jade soupira, la mine renfrognée. Pour sa première mission vraiment importante, on lui avait collé un vulgaire débutant, un gamin pas plus âgé qu'elle quand elle était devenue une Wyrm à 17 ans. Bon, d'accord, Killian était un gosse bien charpenté et entrainé, d'ailleurs Jade se demandait souvent comment il avait pu rater son épreuve d'alliance. Mais la moindre erreur, la plus petite hésitation pouvait leur valoir la vie, à tous les trois. A cette pensée, la jeune femme passa une main chaleureuse sur les écailles de Thornor, son dragon de glace de belle envergure. Celui-ci grogna de contentement, en écho aux pensées de son alliée. Jade se tourna vers le jeune Killian assis derrière lui, et lui décrocha un sourire carnassier, dont elle seule avait le secret.
-Suffisamment pour se faire glacer les couilles, gamin ! Puis elle partit d'un éclat de rire en voyant Killian déglutir avec difficulté et devenir tout pâle. Elle lui tapota amicalement la cuisse, puis jeta un oeil sur ses prisonniers, toujours inconscients, solidement attachés l'un à l'autre, et retenus entre les serres du dragon sous son ventre, près d'une chaleur relative.
Relevant la tête vers le paysage qui se déployait devant eux, elle aperçut, loin, les contreforts de la forteresse d'Himinbjörg. Ils seraient bientôt arrivés. Bientôt revenus à bon port, où ils pourraient se réchauffer autour d'un bon feu, en présence de leurs amis, leurs frères. Resserrant les pans de son épais manteau autour de ses épaules, la jeune femme se pencha sur l'encolure de Thornor et le dragon insuffla plus de puissance à ses ailes. Plus vite ils seraient arrivés, plus vite ils seraient rentrés... S'ils parvenaient à se sortir de là vivants.
Thornor ralentit l'allure aux abords du village qu'il survola, sans qu'étrangement, personne ne remarque rien.
-Il n'y a personne ici, ou quoi ? Demanda Killian. -Crétin ! C'est le mariage du gouverneur. Ils doivent tous être en train de faire la fête. Et les renforts doivent tous se trouver sur place. C'est un sacré gratin qui doit se trouver là bas... Si seulement... Killian aperçu de nouveau ce sourire propre à sa compagne, mais ne demanda pas à ce qu'elle termine sa phrase. La jeune femme lui glaçait le sang... et ce n'était pas qu'une expression, ni l'ambiance générale.
Bientôt, il arrivèrent aux abords du palais et furent repérés par les gardes en faction. Hissant le drapeau blanc improvisé par les Wyrms, Jade fit signe aux gardes en leur criant qu'ils ne venaient pas pour attaquer. Elle ordonna au dragon de se poser et de rabattre ses ailes contre son corps, de garder la tête basse et la gueule fermée. Par cette attitude, il indiquait aux humains qu'il ne venait pas en ennemi. Jade pria Wotan de toutes ses forces pour que cela suffise et que les gardes ne décident pas d'attaquer. Elle s'avait en revanche que l'alerte avait été donnée.
-Ne traînons pas. Glissa-t-elle à l'oreille de Killian qui descendit aussitôt de la selle pour aller détacher les deux traîtres à moitié morts... mais encore à moitié en vie. Un frisson le parcourut de nouveau quand il posa son regard sur les deux hommes mutilés. Le chef et son second n'avait pas lésiné sur la sanction. Ils les avait exhibé dans tout le camp après cette séance de torture. Histoire de bien faire comprendre à ceux qui auraient l'idée de désobéir, ce qu'il leur en coûterait.
-Killian ! Qu'est-ce que tu fous ? Lança Jade entre ses dents, tenant toujours le drapeau blanc entre ses bras qui commençaient à la faire souffrir. Thornor soufflait par les naseaux et respirait fort, d'avoir volé depuis les territoires inconnus sans se reposer. Il n'en avait pas envie. Pas ici. Même si c'était son payx natal. Il ne voulait pas passer une minute de trop dans les parages. Il savait ce qu'il lui en coûterait aussi...
Killian attrapa les deux hommes par les cordes qui les retenaient collés l'un à l'autre, dos à dos. Il s'avança de quelques pas en direction des grandes portes fermées, alors que quelques gardes armés sortaient par une porte latérale. Il laissa tomber son butin dans la neige et courut en direction du dragon pour remonter en selle sans se faire prier par une Jade au souffle coupé.
-Un cadeau de mariage pour le gouverneur et son épouse ! Lança Jade depuis le dos de son dragon en lui ordonnant de décoller fissa. La créature ne se fit pas prier et poussa un puissant grognement en direction des hommes tout en s'envolant haut dans le ciel, hors de portée des flèches. Ce ne fut qu'à la sortie de Nordheim que le trio parvint à réfléchir et à se dire qu'ils s'en étaient sortis vivants... pour cette fois-ci.
Estomaqués par ce qu'il venait de se passer, les gardes ignoraient ce qu'il convenait de faire. L'un d'eux s'approcha des deux presque cadavres et aperçu un mot glissé entre les cordes serrés et les deux hommes. Il le prit dans ses mains en prenant soin de ne pas le déchira et lu les mots écrits.
Citation :
A l'intention du Gouverneur Wenneström et son épouse.
En ce temps de fête, nous n’avons pas pu nous retenir de vous faire un présent de mariage. Madame doit être magnifique dans sa robe "immaculée".
Nous déplorons malheureusement, le comportement de certains des nôtres. N'ayant pas respectés nos principes et les enseignements qu'ils ont reçus chez nous, ils ont bafoué ce pourquoi nous nous battons. Les Wyrms ne sont pas des bêtes sanguinaires. Nous n'aspirons qu'à la liberté qui nous est refusée.
Aussi, nous avons voulu punir ces agneaux égarés, leur rendre la monnaie de leur pièce. Ce n'est qu'une bien piètre consolation par rapport à ce qu'ils ont osé faire et nous en avons conscience. En leur nom, nous vous présentons toutes nos excuses.
Nous espérons que vous tirerez une certaine satisfaction du "bouquet" que nous vous avons fait parvenir.
Tous nos voeux de mariage.
A bientôt...
Philip Stratton dit "Fost", Chef des Wyrms Douglas McCallan dit "Fried", son bras-droit
En intimant à ses hommes de rester sur place, il courut vers le palais et la salle où se déroulait les festivités. Tentant de retrouver son souffle et de garder son calme, histoire de n'affoler personne en la circonstance, il se glissa parmi la foule des convives jusqu'au gouverneur lui-même. Effectuant une courbette, inclinant le buste le plus bas qu'il le pouvait, il tendit le parchemin à Niels, tout en s'approchant pour lui glisser ces quelques mots discrets à l'oreille :
-Monsieur le gouverneur devrait venir jusqu'aux grandes portes. Un... un... "cadeau"... tout spécial vous y attend.
L'homme se releva, mal à l'aise, et après une dernière courbette, se dirigea vers la sortie, dans le plus grand calme dont il pouvait faire preuve et ressortit, comme si de rien n'était.