Armée d'un sac en bandoulière tombant bas sur son flanc, Liatris rôdait aux abords du lac, près de la forêt qui bordait l'académie de ce côté de l'ile. Farfouillant dans les buissons et près des pieds des arbres, elle semblait chercher très sérieusement quelque chose, ses sourcils bruns broussailleux froncés en une grande concentration.

Les cours étaient finis depuis une bonne heure - cette fois elle ne les avait pas loupés par insouciance et avait sagement assisté à ses tâches. Plus ou moins brillamment. Elle n'aimait définitivement pas le Soin aux Dragons - d'autant plus qu'elle avait fait voler le directeur peu de temps auparavant sans le vouloir.

Pour une fois, elle n'était pas collée après les cours. Et, tout en se promenant tranquillement dans le parc, dans cette agréable journée d'octobre, un peu grise mais douce, elle était tombée sur un sacré filon : des Boletus Edulis. Les délicieux champignons qu'elle connaissait bien l'amenaient à jouer au petit chaperon rouge, vêtue de son éternel jeans rapiécé, et d'un simple tee-shirt noir à manches longues. Elle songeait, pour elle-même, qu'il lui faudrait un manteau pour l'hiver. Peut-être pourrait-elle s'en acheter un, un jour... Elle avait appris récemment que Lindorm donnait un peu d'argent chaque mois pour les frais. De l'argent... Elle n'en avait jamais eu. Jamais. Elle qui avait vécu de rien avait été ébloui par la petite somme qu'on lui allouait et s'était promis d'en prendre bien soin. Mais un manteau coûtait bien cher. Etait-ce un luxe ? Bah, elle avait connu de nombreux hiver avec seulement un pull troué pour se réchauffer et l'académie était chauffée.
Tout à ses pensées et ses champignons - elle en avait trouvé cinq gros - elle continua sa marche jusqu'à apercevoir un petit groupement des délicieux champignons basidiomycètes. Un vrai petit parterre. Un vrai festin.

Mais il y avait un petit soucis. Un soucis nommé un élève assis sur ses champignons.

Gonflant les joues de frustration, Liatris, sans gêne, s'approcha bravement du garçon à lunettes plongé dans son livre.

"Tu sais, faut pas s'assoir sur les Boletus Edulis, parce que c'est moins bon, après." Dit-elle simplement en remontant ses lunettes rondes sur son nez et en désignant les champignons écrasés d'un geste tranquille de la main.

La tête penchée sur le côté comme une petite chouette aux yeux cernés, Liatris avait l'air très sérieuse lorsqu'elle ajouta.

"Faut leur dire pardon, quand même, je pense..."

*Luka…LUka…LUKA*
- Hein ! que ? Quoi ?!
- Chuuuuut !

Je rougissais sous la bêtise que je venais de faire, quel idiot, je me suis endormit sur mon livre… J’étais bien partit en plus, avec un rêve… Un rêve…unnnn… J’ai rêvé de quoi déjà ? Je soupirais, regardant la personne au comptoir… Personne qui me dit de partir d’ailleurs. Fendaison de mon pauvre petit cœur, c’est bien la première fois que je le fait virer de la bibliothèque. Merci Naïa !
J’entends un de rien d’une voix grave et sourit finalement, sans elle j’aurais surement passé la nuit dans la bibliothèque…

Finalement je prends mon livre et sort, j’ai besoin de m’isolé, de me sentir un peu seul. Les cours sont finit et je n’ai plus vraiment rien à faire, je n’ai pas envie de rentrer dans ma chambre, pas envie d’aller au foyer… Je juste envie de voir ma dragonne, ma sœur jumelle, ma toute belle.
Je sortais donc de la bâtisse, non sans éviter les contacts. Comment dire ? Pas que je ne veuille pas Hein, j’ai juste l’impression de ne pas être assez bien pour eux, le petit dernier de la porté…

Au final je passais la forêt pour me rendre au lac, d’un pas assuré et automatique. Je souris doucement alors qu’elle approche doucement, elle se grande, si massive.

~ Bonjour petit frère.

Je tourne la tête et m’assoit alors qu’elle effleure ma joue d’un petit bout du museau comme inquiète. J’en souris, j’aime la faire tourner en bourrique c’est drôle. Puis c’est sa faute, c’est à cause d’elle que je me suis fait virer de la bibliothèque. Tournant le dos à l’écailleuse, je souris et m’assois pour me plongé a nouveau dans mon livre. Serein.

J’ai, lu, lu, lu… Sans vraiment faire attention, jusqu’au moment ou une voix ma sortit de mes pensés, je n’ai pas vraiment compris ce qu’elle a dit, mais elle m’a sortit de mon étrange lecture, sans le secours de Naïa pour cette fois.

- Pardon ?

Je ne sais pas, elle avait dit, il faut leur dire pardon, donc je dis pardon, a vrais dire je n’ai pas écouté, je me suis levé, par politesse, fermant mon bouquin au passage et réajustant mes inutiles lunettes et j’ai finalement tourné la tête vers cette personne…Etrange.

- Je t’ai dérangé dans quelque chose ? J’en suis navré, j’étais tellement plongé dans mon roman et dans l’art et la manière de faire la tête à Naïa que je …

J’avais tourné la tête vers l’endroit où je me trouvais précédemment assis, pour vérifié que je n’avais rien oublié… Quel ne fut pas ma surprise d’y voir un parterre de champignon, de vrais, de beau, de bon gros champignon.

- Ooooh… Des cèpes !

Emerveillé, je me suis baissé pour commencer à les cueillir tout content, tout guilleret de ma trouvaille. Puis j’ai relevé la tête, regardant mon interlocuteur.

- Tu voulais quelque chose au faite ?
*Andouille*
*Toi-même*

Ainsi je lançais mentalement des mots d’amour a ma tendre dragonne, attendant la réponse de cette personne au combien étrange.

Liatris observait Luka avec un mélange de frustration et de curiosité. C'était bien embêtant, qu'il soit assis sur les Boletus, parce que certains étaient proprement écrasés. Il ne manquerait plus qu'il marche dessus en se relevant...
Le "pardon" du garçon aux lunettes - bien plus grosses et plus rondes que les siennes qui étaient déjà très rondes et très grosses - la satisfit, sans se douter que ce n'était là qu'un réflexe mécanique.
Bon s'il disait pardon, c'était qu'il n'avait pas l'air méchant. Et puis quelqu'un qui lisait un gros livre sans images devait être très intelligent ! Elle-même avait encore bien du mal à lire tout un petit roman - au début elle ne savait pas que cela existait, des livres qui racontaient des histoires fausses, mais Vaast lui avait expliqué le principe. Tous les livres n'étaient pas des livres de cours, donc. On n'apprenait pas forcément des choses vraies non plus, surtout dans ceux qu'on appelaient "romans".

Alors si Vaast le disait, c'était bien que c'était vrai.

Curieuse, elle regardait ce garçon d'à peu près son âge se relever - en piétinant sans le vouloir un autre champignon - ce qui la fit soupirer.
Mais, à peine allait-elle ouvrir la bouche pour lui dire ce qu'elle faisait qu'il se baissait pour se jeter sur les cèpes...
Il connaissait ces champignons ? Il était vraiment savant alors !

Admirative plus que fâchée, Liatris l'observa un instant cueillir ce qui aurait dû être son butin... Mais elle en avait déjà quelques-uns pour elle. Peut-être que le garçon n'avait pas d'argent pour manger et peut-être même qu'il était puni de nourriture à l'école - il avait l'air un peu maigre... Alors elle ne les lui reprendrait pas.

Secouant la tête, elle finit par répondre :
"Je cueillais les champignons pour les faire rôtir au feu pour mon ami... Mais je te laisse ceux là, j'en ai un peu. Ho... Tu voudrais que je les fasse cuire aussi pour toi ?"

Visiblement, Liatris semblait très décidée à faire un feu dans un coin du parc et à faire des cèpes rôtis. C'était très bon, elle le savait bien. Il était rare d'en trouver mais elle avait eu de la chance, autrefois, dans la forêt, avec Léthé...

Louchant sur le bouquin du jeune homme pour essayer d'en deviner le titre, elle ajouta d'un ton curieux, la tête penchée sur le côté lui donnant l'air d'une petite chouette ébouriffée.

"C'est une histoire fausse, ton livre ? Ou une histoire vraie ?" Entendons par cela si c'était un roman ou un livre d'étude.

"Naïa... ? C'est qui ?" Dit-elle en regardant autours d'elle. Mais elle ne vit personne et le garçon n'avait pas parlé à quelqu'un d'autre qu'elle... Voila qui était très étrange... Peut-être avait-il une amie invisible... C'était sans doute très pratique d'avoir des amis invisibles... Quoi qu'il devait être beaucoup plus facile de les perdre quand on allait se promener...

Mais bref, il y avait plus important, à savoir les champignons.
"Tu veux que j'allume un feu de camp, alors ?"
Elle semblait bien décidée. Elle devait de toute façon faire cuire les siens, pour Vaast. Vaast n'était pas invisible, lui, mais c'était un très bon ami quand même...

Moi je dis vive les champignon, ils nous font faire des rencontres, puis comme ça Naïa elle arrête de me prendre pour un cas social qui n’a pas d’ami, pour le petit dernier de la porté pour…pour… Oui moi aussi je t’aime me belle dragonne.
Bref ça créer des liens les champignon, c’est cool, mais dans tout ça j’ai pas finit mon livre… Et je suis viré de la bibliothèque jusqu'à demain…

- Tu veux les faire rotirs….

On a le droit au moins ? Non car bon, cueillir des champignon c’est une chose, les faire rotir s’en ai une autre…
Mais bon, je ne dirais rien, je suis une quiche en cuisine et ça, malheureusement pour moi, c’est bel et bien prouvé. Ce n’est pas comme si je n’avais pas faillit faire exploser la cuisine en faisant un gâteau pour ma maman… Un gâteau qui ne nécessite pas de cuisson je vous le précise.

Finalement je regardais les champignon et sourit a ce…C’est une femme ou un homme ? Non vraiment j’en sais rien….

- Je veux bien, je ne mange pas beaucoup tu n’auras qu’a me donner une part et prendre le reste.

Le cœur sur la main ? Non j’ai surtout faim, mais je ne mange pas énormément, Naïa m’engueule souvent à cause de ça d’ailleurs.
Enfin elle me pose une question, puis une autre et je regarde mon livre en penchant la tête, huuuum, compliqué à dire…. Je ne sais pas se qu’elle considère comme vrais ou faut…

- C’est le roman d’une histoire vrais, je l’ai bientôt finit, tu le voudras ? Naïa ? C’est ma dragonne, mais elle s’est cachée quand tu es arrivée. La vilaine !

Le dernier mot avait été dit assez fort pour que ma belle dragonne ne l’entende, une petite réprimande pour sa timidité, et après c’est moi l’asocial hein ? Je suis très sociable d’abord, c’est juste que je ne me pense pas digne de l’amitié des autres, rectification, je ne suis pas digne de l’amitiés des autres, pas comme mes frère et sœur. Je ne fais jamais rien d’assez bien…

- Baaaaah…. On a le droit de faire un feu dans le parc de l’académie ? Puis tu as un dragon toi ? Il est comment ? Il s’appelle comment ? C’est quel élément ? Il ta donné quel don ? Puis ton prénom c’est quoi ? T’es en quelle année. Moi je m’appelle Luka. Enchanté.

…Oui quand je suis lancé, il est dur de m’arrêter…