Depuis son arrivée à Bethleas, la petite furie qu'était Naïsha avait drôlement évoluée. Elle avait grandit son âme en un temps incroyable, du moins c'est ce qu'elle ressentait. Depuis qu'elle avait quittée sa tribu Roroas, elle n'avait pas eu l'impression d'avancer, alors que depuis qu'elle avait mit les pieds à Tajeddine, elle avait enfin l'impression que sa vie retrouvait un but. De serveuse elle était maintenant passé à factionnaire et rêvait maintenant de gravir les grades pour arriver au statut de lieutenant. Pourquoi ? Car à ses yeux, le grade de lieutenant voulait dire, «Grand Guerrier Respecté de tous ». Gonflant sa poitrine à cette seule et simple idée, elle était refaite d'une énergie flamboyante qui la poussait chaque jour à se dépasser un peu plus. Devenir une « Grande Guerrière Respectée de Tous » c'était très important pour elle, elle avait toujours vécu dans cette optique. Se battre n'était pas mal vu par son ancienne tribu, bien au contraire. C'est probablement pour cette raison qu'elle retrouvait ici, dans la faction, ses racines.
Après son hébergement à court terme à la taverne du cracheur, Naïsha opta pour le retour à la nature en achetant une tente et le strict minimum pour vivre à la façon des nomades dans l'Oasis. Pas encore vraiment prête pour la vie en communauté, mais trop heureuse d'avoir de nouveau une famille, elle n'avait pas trouvée d'autre idée que celle-ci en attendant que la faction est besoin d'elle. Par moment, on venait la trouver pour quelques petites tâches à accomplir et pour rien au monde celle-ci ne rechignait pas les faire. La rouquine était bien connu pour de nombreuses raisons à Bethleas. Charmeuse, danseuse, conteuse, cuisinière, chasseuse, pêcheuse, maître de sabre, guide... elle avait une grande panoplie de savoir qu'elle n'hésitait pas à mettre aux services des autres, parfois pour une petite somme. Riddick, son ami dragon, vivait pour le moment sagement entre désert et oasis. Chaque jour, il partait faire son petit tour de garde au levé du soleil, au zénith, mais également au couché de celui-ci.
La vie au bord de l'Oasis était tranquille et bien qu'elle n'était pas au cœur de la petite ville de Wyrm, cela ne la rendait absolument pas solitaire, bien au contraire, nombreux étaient ceux qui venaient passer un peu de temps à l'Oasis pour X raison et la rouquine se faisait toujours une joie d'aller à leur rencontre. Ce jour là, une partie de ses cheveux relevés pour éviter d'avoir trop chaud en ce début d'après midi, Naïsha comptait laver son linge. Vêtue d'un genre de sarouel noir et d'un haut de lin blanc, elle s'en allait donc au bord de l'eau turquoise pour faire son affaire, mais également pour attendre un jeune homme qu'elle avait croisé au temps où elle était encore serveuse à Bethleas. Elle ne savait pas grand chose de Vayne. Elle l'avait servit un soir, puis l'avait de nouveau recroisé de temps en temps sans plus. Elle avait l'impression qu'il était un bon petit gars. Pourquoi « petit » ? Car la malicieuse le voyait encore comme un enfant qui venait apprendre à marcher. Elle avait remarqué une chose, une chose qui les liait tous les deux, ils étaient des êtres libres et pour rien au monde, ils n'échangeraient leur liberté pour quoique ce soit. Est-ce égoïste de leur part ? Naïsha pensait que non. D'ailleurs elle n'aimait pas ce mot. Tout en frottant son linge, elle se rendit compte quelle portait beaucoup de couleur et de blanc. Le noir était bien rare chez elle et celui-ci lui fit de nouveau penser à Vayne. Pour le peu de fois où elle l'avait vu ou croisée, il avait toujours été en noir de la tête aux pieds. Cessant de frotter son linge, le dos droit, la vue perçant fixant un point invisible dans le lointain, la rouquine se demandait pourquoi il ne portait pas de couleur.
Assise sur ses genoux, elle reprit bien vite le travail en chantonnant un chant de sa tribu, un chant qui incitait les jeunes guerriers à prendre les armes pour défier leurs frères et devenir plus fort. Dodelinant de temps en temps la tête au rythme des tambours de guerrier qui battaient dans ses souvenirs, les quelques petites mèches bouclées de ses cheveux de feu dansaient au gré du vent et de ses mouvements répétitifs.