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The invincible enigmatic soul responds to the nemesis'

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AnonymousInvité
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Message The invincible enigmatic soul responds to the nemesis' I_icon_minitimeSam 18 Oct - 7:21

Le matin était là. L’invité serait bientôt là.

Durant la nuit, Riheb n’avait pas dormi. Elle ne craignait aucun cauchemar, aucune vision. Ses nuits n’avaient jamais été aussi solitaires depuis le deuil accepté de son mentor.

Hattusha.

Telle une lente mais sûre possession de Tammuz, elle avait su réchauffer son corps et plus loin encore. Cette fois en douceur, une simple caresse du vent chaud sur sa peau et cela lui suffisait pour lui donner l'envie de tout offrir. Honteux. Elle ne devait pas. Sa Reine. Sa Hoa. Riheb avait tellement envie de pleurer son absence mais elle se refusa ; non par orgueil, elle voulait simplement rendre hommage à son courage. Loin, si loin.

Depuis que la Tammi avait montré la résidence de Nicodemus à Hattusha, elle s’était enfin mise à y revenir non sans l’émotion d’avoir devant elle un décor dépeuplé par deux personnes chères à son cœur à présent. Elle relut les livres, les carnets de voyages et retomba enfin sur ses œuvres préférées du temps des études, ceux d’Ichabod MacGrady. Bon sang, elle avait osé dire que sa Reine avait besoin de renouer avec son passé heureux mais cela s’appliquait aussi à la corneille des sables caqueteuse de conseils ! Le destin avait son trait d’humour qui jamais n’allait la laisser assoiffée de nouveautés. Et ainsi, il lui prit l’envie d’écrire à « ce jeune esprit si proche du sien ». Nicodemus était un nichoir à énigmes tout comme Maenoîllabent, c’était un véritable complot. Un Kevii proche de sa condition ? Soyons sérieux. Repoussons les vérités que l’on pense acquises, prenons une plume et laissons l’esprit la guider au-delà de la matière.

Et une réponse était parvenue. Affirmative. Diantre mais qu’allait-elle lui offrir ?

Doucement. A la manière d’Hattusha, on se recentre.

Ici. Tout devait absolument se passer ici. Cet endroit abandonné méritait un tribut digne de ce nom, sacralisé par la Reine Soleil elle-même. Ce serait au tour de ce sorcier de la pensée haute qui allait sanctifier la dernière demeure de son mentor.

Une gymnastique forte étonnante de la part d’une femme qui n’avait connu que le ciel comme toit depuis son premier cri.

Tout ceci pour enfin accueillir l’aube dans une prière à Tammuz tout en communiquant toute l’envie de revoir son amie et celui d’accueillir un nouveau si les étoiles le voulaient.

Déjà, elle s’était préparée. Il était Kevii et elle Roroa. L’endroit était déjà un parfait alliage des saveurs du monde avec sa pierre blanche, ses volets vert forêt décorées d’arabesques safran qui dénombraient les deux étages qui respiraient l’air de l’automne chargé de rosée perlant sur le lierre et de chèvrefeuille, du moins les effluves des fleurs tardives. Un petit éden dans un cul de sac qui communiquait avec une ruelle pavée. Riheb avait l’embarras du choix de l’endroit propice pour accueillir Ichabod mais elle opta pour la cour derrière la maison aménagée. Cela ne ressemblait à aucune cour de Laragon : une terrasse en bois de cerisier ciré qui s’ouvrait sur un jardin de sable. L’alliance de la tradition Wushei et du désert de Firthan dans la même cour. On aurait pu aplanir du sable blanc pour mettre un rocher et une fontaine mais non. Du vrai sable de Firthan trônait nu sans aucun artifice devant la terrasse. Pour des soucis de respect du « jardin », Riheb avait délaissé ses sables du crépuscule et s’était parée d’une robe de prêtresse faite main noire et pourpre ce qui lui avait valu un peu plus de temps de préparation que d’habitude mais l’hospitalité était tout un art roroa. Dans un premier temps, elle avait acheté trois beaux poulets qu’elle tua elle-même devant la maison. Après tout, personne ne venait ici à part quelques oiseaux de passage en migration vers le sud. Les pavés rincés, les poulets plumés, elle les prépara ainsi que la farine noire qu’elle avait réussi à négocier à un marchand Saabi en lui montrant qu’une « khmala » pouvait très bien comprendre sa langue surtout quand on osait l’insulter en faisant croire qu’on parlait à son fils et qu’elle n’avait rien d’une ânesse en lui prétextant qu’elle ne le trouvait guère à son goût donc clairement pas de la même espèce.

Et avec des dattes avec ça. Ainsi, elle songerait à repasser auprès de lui pour sa viande.

Au moins, elle avait de quoi faire du pain.

En attendant que la pâte se lève, Riheb alla dans la réserve pour prendre du bois un peu sec mais les grosses buches allaient faire l’affaire en plus de la mousse séchée. Ayant coupé le petit bois, elle installa le foyer principal au centre et quatre autres petits foyers aux coins protégés par de lourdes dalles en pierre afin que le sable ne se perde en rien et qu’il n’érode pas le bois trop vite. Après les avoir allumés, il était temps de faire l’installation pour cuire les poulets et mettre les tapis pour qu’ils puissent manger et s’allonger plus tard.

Le crépuscule arrivait.

La nuit serait à eux dans une petite fête roroa.

Comme seule permission d’entrer, une porte ouverte laissant un couloir communiquant avec les différentes pièces et l’escalier montant aux étages. Tout droit dansait des flammes et s’élevait des chants.

Etait-ce la bonne adresse ou une porte offrant un autre monde ?
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AnonymousInvité
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Message The invincible enigmatic soul responds to the nemesis' I_icon_minitimeDim 19 Oct - 15:22


Le rendez d'une mystérieuse et mystique lady et d'un élégant et charmant dandy.




▬ play it
Une journée de lecture se prolongeait sous la lumière de l'astre solaire encore plus présent qu'à son accoutumée. Tu te trouvais comme toujours dans ton fidèle fauteuil en cuir usé par le temps, un livre dans tes mains à compter à qui le souhaitait l'histoire d'un fin capitaine aux commandes d'un navire guidé par son dragon d'eau. Ou encore celle d'un roi des sables qui avait offert des milliers d'hectares pour satisfaire l'envie de grandeur de sa femme ou celle d'un homme des champs dont la clameur n'avait d'égal que la complicité qui le liait à sa monture. Tu aimais ce que tu lisais, tu le vivais comme si chaque mot que ce soit la reliure ou ce qu'il contenait avait écrit avec chaque parcelle de ton cœur. Ah mon cher Ichabod, on ne pouvait t'enlever cette passion inconditionnelle pour la littérature. Tu avais bravé les interdits pour l'acquérir, et même mit ta famille dans la honte, mais tu avais au final été leur fierté. Après tout même si tu avais quitté le village pour une plus grande civilisation, ils recevaient encore des cartes de ta part et tu gardais tes idéaux. Tu étais un Kevii que le monde le veuille ou non et cela n'allait pas changer de sitôt. Tu terminais ta ligne tranquillement quand l'heure de la fermeture de ce doux lieu sonna. Tu regardais ton auditoire avec patience leur souriant et les libérant sans plus de procès. C'était encore une longue journée de terminer dans ton existence. Il te fallait te détendre et surtout ne pas oublier l'invitation d'une magnifique déesse du désert. Elle t'avait invité dans sa villa avec la plus grande des magnificences et tu te devais d'être à l'heure et surtout bien présent.

Tu commençais par ranger avec la plus grande des minuties et des patiences chacun des recueils que tu avais pu emprunter pour ton petit public. Tu ne t'étais jamais vu comme le roi des orateurs, s'exclamant devant foule, ni comme un homme dont la culture était plus un chef d'œuvre à voir qu'un poids mort à tirer derrière soit au fil du temps. Tu voyais dans le regard de tous ceux qui venait entendre ta voix relever les écrits de tous ses livres qui passaient entre tes mains, de la fascination, de la joie et une certaine admiration. Il y a pourtant de tout dans ton audience, que ce soit des pères de famille dont le savoir n'avait pas permis de comprendre la lecture, des mères au foyer tout comme des enfants ou des soldats. Ce fut surtout cette dernière catégorie qui la première fois t'avait assez rapidement déstabilisé. Toi qui pensais avoir tout vu, tu restais pourtant sur le carreau quelque minute. Il était étrange de lire une aventure à un homme dont la droiture n'avait d'égal, selon toi, que les ordres qu'on lui donnait avec plus ou moins d'intérêt. Tu avais pourtant vu chez cet homme une passion des lettres cachées sous tous les protocoles. Tu ne te souvenais jamais de son nom, car rare étaient ceux qui se présentaient à toi en précisant plus que ce que tu leur demandais, c'est-à-dire la raison de leur venue. Pour le reste, comme tu disais, qu'ils soient tueurs, boulanger ou marin, ils étaient devant toi un public, une assemblée rien de plus. Tu n'étais pas là pour jouer le juge ou encore le bourreau, quand bien même tes talents martiaux et de bretteur pouvait t'y avantager. Une fois que tu eus finie de tout ranger dans un ordre précis que toi seul pouvait comprendre parfaitement, tu quittais les lieux. Le soleil avait déjà dans sa chère clémence commencée à décliner pour laisser sa sœur la lune faire son apparition dans plusieurs heures. Dans un léger soupire, tu te rendais d'un pas décidé vers ta demeure pour te préparer et en profiter pour t'exercer à l'escrime dans ta quiétude naturelle. Tu te frayais d'un pas presque félin, un passage dans la foule qui circulait dans cette immense place et atteignait ton but après plusieurs minutes. Tu murmurais comme pour toi-même :


« «Que la vraie journée commence mon bon Ichabod et que mille surprises puissent sier à tes yeux avec elle. » »

À la suite de tes mots, tu t'engouffrais dans ta vieille bâtisse où le temps et avaient fait d'elle une vieille carne encore solide. Elle était remplie de livre ici et là et bien souvent la structure même des meubles qui engorgeaient ses reliures  tenaient par ses derniers. Pour dire une de tes bibliothèques n'avait pas chuté sur le sol, car tu y avais glissé les livres les moins importants selon toi comme renfort à son pied abimé. Tu apposais ton pardessus sur un porte manteau tout en avançant dans la pièce principale. Une volée de marches vers le bas et encore muni de ta canne, tu entrais dans ta salle d'entrainement. D'un geste simple, la lame de ta canne quittait sa protection de bois que tu posais sur une chaise et tu commençais alors à agiter ta lame. Tu faisais des gestes simples, assez rudimentaires pour un homme de ta classe, mais tu t'en fichais. Des coups d'estoc puis de la pique et enfin de la taille. On pouvait voir en te regardant faire que cette lame avait fini par devenir le prolongement de ce qui faisait de toi un homme. Tu passais de longues heures, puis quand enfin, tu te sentais suffisamment défoulé, tu remontais. Une douche plutôt qu'un bain fut choisie et après plusieurs heures à te préparer convenablement, tu quittais de nouveau ta demeure. Ta nouvelle destination était la villa que t'avait indiquée la belle Riheb. Elle t'avait glissé par des mots délicats que ta présence à ses côtés en cette soirée aurait été agréable autant à sa personne qu'a la tienne, alors tu t'exécutais sans tarder par noblesse et respect. Tu sifflais d'un son net et aigue puis patientait. C'est alors qu'un vent léger te frôla la joue et que bientôt une tête sombre comme l charbon et des iris dorés te fixèrent :

«  Ma petite Tarakona, ce soir, nous allons en sortie. Tu vas m'emmener à Laragon rapidement et je tacherais de te laisser libre pendant que je serais occupé. Cela te va ma belle compagne de toujours ? » »

Tu te retrouvais bientôt sur le sol à te faire lécher par ta comparse de tous les jours qui ne t'avait jamais quitté : ta dragonne. Fidèle, vive et si souvent énergique. Elle te laissait monter sur son dos et aussi rapidement qu'elle était venue, elle décollait du sol pour t'emmener où tu lui avais demandé. Tu n'avais jamais le besoin de lui montrer le chemin. Elle vivait le vent dans ses ailes, détectait les odeurs plus loin et rapidement que toi. Elle avait comme tous les dragons ce don naturel de savoir leur chemin sans boussole, leur corps en faisait déjà suffisamment l'office. Le trajet dura un long moment même à dos d'une bête d'écaille, de puissance et de rapidité comme Tarakona. Alors que tu allais regarder ta montre à gousset fétiche pour t'assurer de ne pas être en retard, ta fidèle monture procédais déjà à la descente vers la ville lumineuse et habitée qu'était Laragon. Tu rangeais alors rapidement ton trésor à aiguilles et te cramponnais du mieux possible. Tu avais attaché par une sangle ta canne à ton dos pour ne pas la perdre et une fois au sol, tu tapotais la tête de Tara' amicalement puis lui jetais un morceau de sucre comme elle raffolait :

« Aller, tu peux te balader autant que tu veux, mais ne déranges pas ce monde et surtout soit présente quand je t'appellerais.  »

Tu lui faisais une certaine accolade en te mettant à genou, elle te léchait la joue puis redécollait, te laissant seul face à la villa. Tu observais en plissant les yeux pour remarquer après plusieurs minutes, le temps de t'habituer à la nuit, qu'une porte avait été laissée ouvert. Une invitation encore de la belle ? Sans aucun doute. Tu avançais alors en rangeant la sangle dans ton pardessus et marchait calmement avec ta canne comme troisième pied. Une fois à l'intérieur, tu pouvais arpentait la demeure sans problème, mais bientôt ton but fut atteint. Tu te glissais dans le dos de Riheb et lui murmurais avant de te reculer d'un pas net :

« Me voici chez vous, ôh douce Riheb, ma chère déesse du désert. Je suis venu les mains légèrement vides et vous m'en excuserez, car je n'ai pas trouvé de fleur suffisamment résistante pour supporter le trajet. En tout cas, je suis près et qui sait peut-être tout à vous, milady. »

Un sourire calme et charmant se dessinait par la suite sur ton visage pendant que tu attendais avec un certain standing que la charmante rousse des sables te répondent.


© Failara

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Message The invincible enigmatic soul responds to the nemesis' I_icon_minitimeJeu 23 Oct - 22:01

Les arômes dansaient pour donner un rythme à l’appétit de l’hôte et du convive qui allait bientôt arriver ; accompagnés de cendres incandescentes, ces dernières allaient mourir haut dans le ciel avec les prières de Riheb pour bénir le repas dans un chant lyrique harmonieux, parant la soirée d’une douceur prometteuse. Qu’elle espérait tant que ses prières aillent vers les siens et maintenir le courage de sa hoa. En l’attendant, elle allait profiter de la soirée pour converser avec un homme qui ne pouvait qu’être un support à leur entreprise : si chaque mot étouffait une arme, Ichabod MacGrady était un mentor parmi les siens. Autant apprendre avec un maître et enfin se délester de sa semaine.

Tout-à-coup, des pas et un bruit caractéristique d’une canne se firent entendre. Riheb ne se retourna pas tout de suite, coincée dans le souvenir de Nicodemus qui arpentait cet endroit. S’ils le pouvaient, les murs auraient pleuré de joie, heureux de retrouver des vibrations familières résonnant avec les échos du passé et jouant avec des silhouettes pleines de vie batifolant sur des thèmes et sujets variés. Quant à la Roroa, elle ne se laissa pas bercer autant par ces réminiscences, voulant se consacrer uniquement à son invité d’honneur qui se glissa derrière son dos. Qu’il sentait bon le propre allié au bois, au papier et à l’encre. Le mythe était finalement réalité ? Les petites gens avaient raison à son sujet ? Ne se nourrissait-il que de rêves, d’expériences et de mots couchés sur le papier ?

Cette idée la faisait déjà sourire, allégeant un peu plus son cœur lourd d’âmes désertées de sa vue, se régalant de la tenue et du standing du délicat dandy dont la fausse divinité se délectait de ses dimensions. Il y avait de quoi se ravir du fond comme de la forme et c’était à elle d’en faire autant ce soir dans sa robe pourpre et noir soulignant ses yeux rouges menaçants pour certains et impénétrables pour d’autres. Si elle pouvait se le permettre, elle aurait préféré les prunelles profondes faisant danser des reflets automnales avec les brasiers de la cour.

La main sur sa poitrine, s’inclinant légèrement, Riheb souhaita la bienvenue.

- Vous êtes ici dans la demeure des lettrés libres de Laragon non la mienne. Elle est autant à vous qu’à moi. Quant à ma propre personne, le feu et les étoiles nous feront parvenir une réponse qui j’espère nous ravira tous deux, répondit la Roroa entre vérité et mystère.

Un véritable gentilhomme qui voulait danser une valse de respect et de séduction. Qui devait gâter qui déjà ?

- Nul besoin de fleurs pour moi, vous êtes un réel présent à vous seul, cher Ichabod. Vous devez être assoiffé… Que diriez-vous d’un thé à la menthe près du feu ? Prenez vos aises, déchaussez-vous car vous allez expérimenter le seuil du monde des Roroas…

Patiente, Riheb posa juste un pied dans le jardin de sable pour inviter Ichabod à faire de même pour rejoindre les tapis, coussins et peaux de mouton.


Dernière édition par Riheb le Ven 24 Oct - 17:33, édité 1 fois
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Message The invincible enigmatic soul responds to the nemesis' I_icon_minitimeVen 24 Oct - 17:30


Il se rapproche et prend le risque de la brusquer pour sa curiosité.



▬ play it
Tu avais fait ton entrée avec une certaine classe dans cette immense demeure. Tu te demandais si c'était ton parfum ou bien le bruit caractéristique de tes pas combiné à celui de ta canne qui l'avait prévenu. Après tout, tu n'avais pas été le plus discret du monde et c'était ton but. Tu souhaitais qu'elle sache que tu étais arrivé, que tu étais là pour elle. Tu savais que plus d'une fois celui qui avait été un allié de poids, un exemple et surtout un homme de bien pour elle, avait parlé de toi. Pour toi, c'était un peu comme être une légende aux yeux d'une personne voulant savoir si cela était vrai. Ainsi, tu l'écoutais en t'appuyant légèrement sur ta canne sans perdre un seul instant ton sourire en la fixant longuement. Tu ne prononçais pas un mot de plus, alors que ta respiration presque gutturale résonnait dans la pièce. On aurait dit un immense et vieux dragon dont la cage thoracique si grande aurait fait l'effet d'un orgue jouant une longue complainte. Un peu similaire à la bête écaillée et centenaire que tu avais croisé non loin de la forêt lors d'un de tes voyages. Tu essayais de t'en souvenir, mais pour l'heure, tu passais un regard sur la demoiselle et ne ratais pas un seul de ses mots. Tu sentais dans sa voix comme un soulagement au fait de ta présence face à elle, dans cette pièce et non loin de son corps. Il n'y avait pas de tension quelconque et palpable entre vous ni un désir de chair ou de passion. Tu voyais sa main bouger pour se placer devant son buste et tu percevais bien mieux ses mots :

« - Vous êtes ici dans la demeure des lettrés libres de Laragon non la mienne. Elle est autant à vous qu'à moi. Quant à ma propre personne, le feu et les étoiles, nous ferons parvenir une réponse qui j'espère nous ravira tous deux. »

Ton sourire tendre et chaleureux ne faisait que s'agrandir quand elle parlait d'une réponse venue des étoiles et du feu pour vous. Tu savais qu'elle voulait mieux te connaitre, se laisser chavirer dans tes récits sans voir le temps passer. Tu voulais qu'elle vive avec toi tes peurs, tes conquêtes, mais aussi tes douleurs et tes joies. Par conquêtes, tu n'entendais pas lui délivrer un quelconque tableau de chasse du Donjuan qu'on te laissait paraitre, car tu n'étais pas fait de la sorte, mais plutôt des embûches que tu avais sues traverser tout seul. Une image de solitaire qui au fond n'était pas erroné puisqu'après tout, tu avais traversé Lindorm de long en large et en travers sans autre compagnie que ton livre et surtout ta monture. Au final, tu étais solitaire des humains, mais accompagné des dragons. Tu avais appris leur caractère, leur manie ou encore leur façon de vivre. C'est par tes voyages que tu avais pu comprendre qu'un dragon offre sa fierté que seulement si on lui montre le respect. C'était évident que si tu avais battu ou agressé Tarakona, elle n'aurait pas agi aussi gentiment. Même si tu y avais laissé un haut et une veste couteuse, abimée par de la bave de ta partenaire vive et sombre aux odeurs de poisson. Revenant à la réalité ce n'était pas une odeur sous-marine que tu respirais, mais bien une des plus exotiques venues des sables fins. Tu voulais te rapprocher d'elle pour mieux humer son parfait, mais ton éducation et ta bonne conduite t'empêchaient réellement de le faire. Tu désirais frôler la paume de sa main ou même laisser ton regard face aux yeux pour t'imprégner d'elle. Une étrange manie, mais qui te permettais de retrouver une connaissance même cachée dans des centaines de personnes à un seul détail. Ce n'était pas quelque chose de si incroyable, car ton aventure à travers le globe avait permis de perfectionner cette mémoire déjà assez vive. Encore appuyé contre ton objet d'élégance et arme de défense, tu percevais encore mieux la voix de Riheb au point d'en suivre les mouvements de lèvres :

« - Nul besoin de fleurs pour moi, vous êtes un réel présent à vous seul, Cher Ichabod. Vous devez être assoiffé... Que diriez-vous d'un thé à la menthe près du feu ? Prenez vos aises, déchaussez-vous, car vous allez expérimenter le seuil du monde des Roroas... »

Ton regard était assez étonné quand tu l'entendais, car tu avais déjà entrepris de quitter tes chaussures pour marcher pied nu dans ce sable si accueillant, mais pas tout autant que sa maitresse. Tu présumais qu'elle devait posséder comme bien des dragonniers un don que son dragon avait dû lui donner. Tu avais donc deviné ou en tout cas présumé qu'il devait être lié au sable sans pour autant la questionner à ce sujet. En posant tes chaussures de façon symétrique contre le mur sans quitter du regard, la belle du désert, tu t'avançais. Tes pieds te chatouillaient puis te faisaient frissonner au contact des grains disséminés dans une immense masse aussi noir que l'ombre dans ton dos contre la lumière du feu qui vacillaient. Tu prenais ensuite place confortablement sur les tapis non loin d'un coussin en lui tendant la main pour l'amener non loin de toi. Tu voulais pouvoir au maximum pendant cette soirée graver son visage dans ta mémoire pour une éventuellement rencontre plus tard. Tu te raclais la gorge et sans lâcher sa main, t'adressais à elle :

« Je ne refuserais pas un humble thé surtout quand il est proposé par un si beau joyau venu du sable lui-même. On croirait que la lave vous a créé vos cheveux, que le vent à tailler vos formes avec l'eau dans une roche parfaite et que du sable lui-même, on y a taillé deux joyaux. Je sais que ce compliment n'est sans aucun doute pas dans la norme surtout dans ce lieu et pour votre ordre, mais je devais de le dire à celle qui partage une soirée avec moi. À celle qui m'a invité dans un lieu si magique, celle qui a dévoré avec hardiesse mes recueils sous l'œil d'un Nichodemus bienfaiteur et fort. Je ne sais quoi vous dire, offrir pour vus remercier, mais je compte rester croyez-moi. »

Finalement, tu quittais ce dernier pour rejoindre la belle et te rapprochais encore pour l'admirer. On pouvait voir dans tes yeux devenus presque des pierres précieuses d'exception, une chance dans ta vie. Une femme qui n'était pas simplement passionnée d'un livre pour te plaire, mais désirait indirectement savoir un peu tout sur toi. Tu étais un écrivain globe-trotteur qui avait attiré son doux regard sans aucun artifice ou malice. Devant elle, tu étais le plus naturel possible et aussi retirais-tu ton manteau pour exposer ton gilet et ta chemise à la Roroa. Tu le lançais habillement sur une chaise en espérant que cela ne la dérange puis frôlait sa main :

« J'espère que vous excuserez mon geste, mais votre peau semble si douce, si polie par le sable pour plus de perfection que je me suis senti vouloir essayer. Vous me fascinez déjà ma chère, car comme les terres que j'ai vues, les cités que j'ai visitées, vous m'êtes encore totalement inconnu, alors si nous pouvons nous évader à deux, j'en serai fort ravi voyez-vous. »

Tu embrassas sa main avec douceur sans rien ajouter de plus, ton sourire d'apollon littéraire toujours encré sur ton visage et ta chevelure légèrement décoiffé te retombant sur un œil. Tu avais du charme mon bon Ichabod, même si tu n'en faisais pas un atout premier. La suite des choses serait comme vous le souhaiteraient ensemble que ce soit la décence ou l'indécence.



© Failara
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Message The invincible enigmatic soul responds to the nemesis' I_icon_minitimeLun 3 Nov - 4:16

Ses manières, sa prestance… Certes, bien éduqué mais là se tenait un véritable filigrane de plaisir à partager sans modération mais comme dans un désert et assoiffée, même devant un oasis de fraîcheur inespéré, on devait boire gorgée par gorgée. Cet homme n’était pas une gourmandise mais un puits de sagesse, c’était quelque chose de le rencontrer. Et comme tous les puits, il y avait sa part de ténèbres humides, sa pierre lézardée et son lierre envahissant. Rien de tout cela n’était négatif, au contraire et si Ichabod voulait au moins partager son « lierre », elle allait en faire une couronne et la porter avec fierté. Et tout commençait par sa main dans la sienne et une tasse de thé à la menthe, versé tel une nouvelle représentation de la Tempérance pour faire danser les quelques feuilles malignes de menthe qui tapissaient le fond de la tasse en terre cuite. Et apparemment, le ballet commençait avec comme étoile des effluves chaudes, des cendres et des compliments si…elle ne savait pas où s’en donner de la tête. Aucun Pakeha ne l’avait autant gratifiée d’une si belle pluie. Si ce fusse aucun homme tout court. Peut-être était-ce une convention qu’elle ignorait ? Certes, elle savait rehausser sa beauté en quelques touches discrètes mais il ne s’agissait que d’arcanes de survie urbaine. « La beauté arrive toujours avec de mauvaises intentions » comme en disaient certains et c’était de son domaine d’expertise de nuancer cet adage et le rendre digeste aux yeux du monde.

- Ichabod… Je vous en prie… Je vais finir par me demander si vous n’en faites pas trop… Sans forcer sur la fierté Roroa, je vous assure que mes Sœurs du désert sont bien plus belles si vous cherchez un joyau rare. Et vous n’avez rien à envier sur nos guerriers sur la taille, certes vous êtes sec mais je sens une belle aisance dans vos muscles et une certaine souplesse dans votre poignet, dit-elle en le touchant, admirant au final la main entière, pratiquez-vous une discipline de lame ? Finalement, un merle cache peut-être un faucon d’une rapidité à toutes épreuves… ?

Et ainsi, le côté Roroa vint en force comme une marée montante face à la splendeur de la lune. Comment faire autrement ? Une main qui protégeait l’art de l’écriture pouvait accueillir la rudesse de l’acier pour éprouver son sens de l’aventure et plus tard dessiner les courbes d’une femme du long de ses doigts.

Riheb entretenait peut-être un peu trop l’analyse d’un des outils principaux de son hôte…

- Mille excuses. Maintenant, c’est à mon tour d’en faire un peu trop, rit-elle de son étourderie par un sourire charmant et d’une tasse servie pour elle-même.

Finalement, il ne voulut quitter sa main et même la gratifier d’un baiser et même d’une prose magnifique qu’elle aurait voulu immortaliser dans un livre.

- Mon cher ami. N’ayez aucune crainte en ce qui concerne des gestes déplacés ou… La vérité est que vous aussi vous êtes une terre inconnue pour moi. Prenez vos aises, montrez-vous tel que vous voulez être. Il n’est pas que question d’une rencontre avec moi mais peut-être avec vous-même. Comment le faire sans appel à tous nos sens ?

Se sentant grandir par peut-être des mots susurrés par la Mère de la Nuit, Riheb plongea son index libre dans la tasse de thé d’Ichabod pour dessiner ses lèvres avec douceur et finit par le porter à ses propres lèvres pour le suçoter.

- Personne n’est là pour juger, nous sommes ici pour nous apprécier dans un monde entre chien et loup car à nous deux, nous sommes le crépuscule de deux civilisations différentes et sans doute bien plus…

Yeux dans les yeux, Riheb voulait voir le crépuscule en lui. De la beauté de son art ou de sa solitude comparable à la sienne.
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